Bienvenue en URSS !

Najib Abdelhak16 avril 2015

Enfant 44 est l’adaptation cinématographique du roman homonyme. Il s’agit pour ceux qui connaissent ces livres sur les secrets de l’ex-URSS du premier volet d’une trilogie à succès, signée par l’écrivain britannique Tom Rob Smith. Dans le film comme dans le livre, tout se passe en Union Soviétique, sous le régime communiste, d’abord sous Staline, puis après avec les autres cadors du Soviet suprême. Il est question dans le livre comme dans le film des aventures de Leo Demidov, un agent très spécial du MGB (la police secrète russe). Demidov est un type bien, un bonhomme clean, qui ne cherche pas la gloire ni les problèmes. Il est désigné par ses supérieurs pour élucider le mystère qui entoure une série de meurtres d’enfants. Le livre lui-même s’inspire de tristes faits réels : les crimes commis par Andreï Tchikatilo, le fameux «monstre de Rostov».
Nous sommes donc en hiver de l’an de grâce 1953. Nous sommes à Moscou. C’est là que le corps d’un petit garçon est retrouvé sur une voie ferrée. Leo est chargé d’enquêter sur «l’accident», alors que la famille de l’enfant croit à un assassinat. Mais rapidement, l’affaire est classée. Pourquoi une telle décision? La réponse est simple: le crime n’existe pas en URSS. Pourtant Leo l’entend d’une autre oreille. Il doute, il sent monter en lui la révolte contre cette loi du silence qui contraint tout le monde à laisser tomber même ses plus profondes convictions. Alors, quand il creuse pour traquer les coupables de ces crimes odieux, on le piste et il tombe très vite en disgrâce du parti. Il est contraint à l’exil et se sent obligé de prendre, avec sa femme, tous les risques pour traquer ce tueur en série invisible. De policier, de justicier, il devient l’«ennemi du peuple».
Enfant 44 est un pur film du genre. Entre espionnage, thriller et film d’action subtil. Avec une bonne distribution d’acteurs autour de l’immense Gary Oldman, on retrouve l’excellent Tom Hardy et la magnifique Noomi Rapace. Film nerveux, bien écrit, justement filmé, sans trop de fioritures, Enfant 44 est un bon moment de cinéma, sans prise de tête. Il a aussi le mérite d’éclairer sur une période noire de l’Union Soviétique, avec ses crimes, ses disparitions et son climat glacial.