Il était une fois… Solex : Le vélomoteur du peuple

Pour les trentenaires d’entre nous, il n’était pas rare à une certaine époque de voir déambuler des vélomoteurs cahotants siglés Solex. Ces drôles d’engins rouges, blancs ou noirs, ont longuement arpenté nos chaussées, faisant la joie des personnes qui les utilisaient pour leur déplacement quotidien. Vélomoteur au prix abordable, le Solex était destiné avant tout à une classe ouvrière peu aisée avant de devenir un must-have pour jeunes dans les années 1970-1980. Si beaucoup de gens reconnaissent encore aujourd’hui les Solex, peu de personnes savent quand leur histoire a commencé. C’est ce que nous allons aborder cette semaine.

1918, premières esquisses…

Nous sommes en 1905. Marcel Mennesson et Maurice Goudard, deux centraliens, décident de créer la société Solex qui se spécialise dans la fabrication de radiateurs centrifuges, puis plus tard de carburateurs. Ce n’est qu’en 1916 que Mennesson décide de déposer un brevet pour mettre au point un moteur auxiliaire à loger au centre de la roue arrière. Un second brevet déposé cette fois en 1918 concernera un deux-roues complet prévoyant un cadre composé d’un tube unique de large section allant de la selle à la colonne de direction, en passant par le repose-pied, ainsi qu’une suspension avant par fourche pendulaire. Si ces brevets ne seront jamais suivis d’une mise en production, ils constitueront toutefois un prélude à la naissance du vélomoteur Solex.

Il naît en pleine Seconde Guerre mondiale !

Il faudra attendre 1940 pour que Marcel Mennesson fasse enfin réaliser un prototype de moteur de 38 cm3 de cylindrée. Les caractéristiques sont celles du vrai Solex, avec entre autres, une transmission par galet ; le cylindre décalé par rapport à l’axe de la roue ; et l’essence, pompée en sus, renvoyée dans le réservoir. En décembre 1940, ce moteur est installé sur un vélo d’homme Alcyon à grandes roues de 700, couleure noire à filets or. Ce sera le premier modèle de VéloSolex dont la production en série débutera en 1943, lorsque paraîtra au journal officiel un décret officialisant une nouvelle catégorie de deux-roues motorisés «les bicyclettes à moteur de secours d’une cylindrée au plus égale à 50 cm3». Il seront alors produits près de 700 modèles de présérie jusqu’en 1946 qui seront confiés au personnel afin d’opérer les améliorations qui aboutiront à une version définitive en 1946.
 
Que de changements depuis !

C’est en 1947 que débuteront les premières modifications du VéloSolex. Simultanément, le pétrolier British Petroleum crée la Solexine, un mélange prédosé essence/huile, qui réduit le calaminage. Ce carburant est vendu dans les stations-service Solex en bidon métallique de deux litres. En 1949, la production passera à 36.000 unités, pour une commercialisation estimée à plus de 100 Solex vendus par jour ouvrable. Un réseau de près de 250 stations-service VéloSolex sera mis en place dès 1951. Il passera à 1.000 en 1962 sur toute la France et dans un grand nombre de pays, dont le Maroc. En 1966 sortira le S 3.800, qui possède un meilleur couple afin d’augmenter les performances en côte.

Quand Renault, puis Motobécane, prennent les rênes…

En 1974, c’est la société Renault qui prendra le contrôle de Vélo-Solex. La filiale «Renault Moteurs Développement» échange à la fin de l’année sa participation majoritaire de 51% chez VéloSolex pour une participation minoritaire de 15% chez Motobécane. Les 3800 seront donc produits à Saint-Quentin dans les usines de Motobécane. En 1977, le 3800 est monté avec un nouveau phare arrière plus large. En 1986, il est équipé de leviers de freins droits, et de catadioptres sur les fourches arrière et avant. En 1983 Motobécane devient MBK, c’est le début de la prise de pouvoir du groupe japonais Yamaha. Le 3800 est produit jusqu’en 1988, mais les ventes chutent. La chaîne de montage MBK de l’usine de Saint-Quentin s’arrêtera officiellement le 7 novembre 1988. Ce sera la fin d’un mythe