Economie

Touhami ElAribi: Une solution made in America contre le gel des sols !

© D.R

Le consulat général des Etats-Unis vient d’assurer, il y a quelques jours, un B to B entre les représentants de la société californienne «Shur Farms Frost Protection» et ceux du ministère de l’agriculture marocain. L’entreprise américaine, spécialisée  depuis plus de 20 ans  dans la protection contre le gel et les technologies d’extraction d’air froid, a désormais sa représentation au Maroc à travers Touhami ElAribi, Director Business Development pour la région Europe, Moyen-Orient et Afrique (EMEA). Eclairage d’un ingénieur en télécoms, résident en Californie et baptisé Ibn Batouta pour son dévouement à son pays. L’homme ne lésine pas, en effet, sur les moyens pour se déplacer dans les coins les plus reculés du Maroc. Ecouter les fermiers et trouver avec eux des solutions, c’est son leitmotiv… La remontée des données a déjà été effectuée vers le ministère et les dispositions enclenchées. Les enjeux sont énormes, compte tenu du poids de ce secteur dans l’économie marocaine.

 

ALM : Quelles sont les solutions apportées par la société américaine Shur Farms Frost Protection contre la gelée ?

Touhami ElAribi : Notre solution s’appelle «Cold Air Drain» signifiant «drainage de l’air froid». Shur Farms Frost Protection® a plus de 20 ans d’expérience dans la science de protection contre le gel. Elle fait appel à une technologie d’extraction d’air froid. Le premier système de drainage d’air froid a été conçu dans les années 90, en Amérique du Nord. Ce n’est qu’en 2001 que le procédé connu sous le nom Cold Air Drain® a commencé à être commercialisé. Depuis, des centaines de systèmes de protection ont été installés pour protéger des milliers d’hectares. Dès lors la société est devenue leader dans l’élimination et extraction de l’air froid.

A la lumière de votre étude sur le terrain, quelle est l’amplitude des dégâts causés par ce phénomène?

Le Maroc comme tout autre pays du monde n’est pas à l’abri de l’effet nocif de la gelée.  Les pays développés disposent pour leur part de gros moyens financiers pour se prémunir contre ce phénomène. Au contraire, au Maroc la majorité des fermiers sont des petits et moyens producteurs. Le coût des solutions existantes est donc souvent élevé et hors de portée. Elles exigent, par ailleurs, des infrastructures énormes.  D’après nos études sur le terrain et les données collectées directement auprès des fermiers que nous avons rencontrés, la gelée affecte près de 60% des récoltes chez les producteurs de pommes ; 50% dans le cas des  cerises, amandes et noix de pécan  et 40%, voire 50%, pour les sols dédiés à la production de l’avocat.

Comment comptez-vous procéder pour amener les fermiers à prémunir leurs terres contre ce phénomène ?

Après avoir fait des tests sur le terrain et obtenu des résultats positifs, nous en sommes à la phase «sensibilisation». Notre participation au Salon de l’agriculture à Meknès nous a permis d’atteindre de nombreux fermiers et autres instances officielles ou privées. Notre action dans ce domaine se résume à travers les médias, les séminaires dédiés aux universités qui ont des filières liées à l’agriculture ou aux conseillers des ministères de l’agriculture. Ceci ayant pour objectif de définir exactement la signification de la gelée et son origine qui endommage les récoltes.

Quelles sont les dispositions prises par le ministère pour aider les agriculteurs à acquérir ce genre de machines ?

En ce moment, le ministère de l’agriculture propose une subvention de 30% au bénéfice des agriculteurs souhaitant acquérir ce genre de machine. L’administration concernée nous a déjà fait la promesse pour les prochains moyens d’organiser des séminaires pour inviter les conseillers régionaux afin de les informer de notre solution. Ces derniers représentent les véritables relais vers les agriculteurs marocains.

Existera-t-il des solutions différentes pour les petits agriculteurs qui n’ont pas les mêmes capacités financières ?

Absolument, la société Shurf Farms vient de présenter une solution idéale pour les petits agriculteurs qui possèdent de petites surfaces agraires. Baptisée «Hot Sopotte», cette solution est facile à transporter. Consommant par ailleurs très peu d’énergie, elle n’exige pas une grande intervention technique pour son installation ou son fonctionnement.

Quelles sont les expériences que vous connaissez déjà et qui ont permis dans certains pays de protéger les sols contre les dégâts causés par le froid ?

L’expérience acquise durant ces 20 ans d’existence aux Etats-Unis et au Canada nous a appris à bien définir et reconnaître le type de gelée en présence. Il existe en effet trois types de gelée.  Son identification passera par l’analyse du relief de la ferme de l’agriculteur afin de localiser les points d’accumulation de l’air froid. Il s’agit, en effet, d’une étape cruciale du processus  avant d’appliquer la solution. L’emplacement de la machine dans la ferme pour réussir à combattre efficacement l’accumulation du froid relève aussi de l’expérience acquise depuis ces deux décennies. Et c’est bien pourquoi depuis un an, la solution «Cold Air Drain» commercialisée a connu une très forte demande en dehors de l’Etat surtout en Australie, Nouvelle-Zélande, Angleterre, Mexique, Pérou, Chilie, et Argentine. De futurs prospects sont dans le pipe pour ne citer que l’Espagne, la France, la Hollande, la Belgique, la Bulgarie, la Turquie et le Liban.

Parcours

Né à Rabat, Touhami ElAribi, Bac en poche, s’envole pour San Diego où il poursuivra ses études universitaires. Décrochant, en 1992, le titre d’ingénieur en électronique et en biomédical avec tous les honneurs (Lambda Cum Laude), il s’inscrira par la suite pour obtenir un MBA en Management Projet. Chose faite en 1996.  Sa spécialisation dans le domaine de la sécurité des télécoms, il l’obtiendra en 1999.

Sa carrière professionnelle, il la démarrera à Siemens Industrie & Automation en tant qu’ingénieur. Juste après, il accumulera les expériences dans plusieurs sociétés très connues aux Etats-Unis telles que Eli Lilly and Co., Ciba Geigy, Novartis and Bayer Diagnostics. L’expert  ne s’arrêtera pas là et s’inscrira avec une idée bien en tête à un master en Telecom Industry. Dès lors, il crée sa propre compagnie de télécoms, MIT Telecom. Depuis 2003, il développe le business en Afrique.

Mais compte tenu de certaines instabilités politiques dans ces pays et un flou législatif dans ce domaine, il préfère s’orienter vers le marché marocain compte tenu du fort potentiel alimenté par une forte présence marocaine aux Etats-Unis C’est dans cette optique qu’il lance en 2011, un service d’appel E-Roaming à travers Al Hourria Telecom facilitant ainsi les appels entre le Maroc et les Etats-Unis d’une part et le Maroc et le Canada d’autre part à travers le service du Net.. Doté de la fibre associative, il est par ailleurs secrétaire général de l’association Maaca (Moroccan American Association of California) depuis 2010.

 

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