Livre

Leïla Slimani: «La littérature est le plus grand espace de liberté qui existe»

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Leïla Slimani est la première femme à remporter le prix littéraire de La Mamounia qui en est à sa sixième édition, pour son roman Le Jardin de l’Ogre. Le livre raconte l’histoire d’Adèle, une femme souffrant d’addiction au sexe, journaliste de profession, mariée et mère d’un enfant. Elle n’arrive pas à contrôler ses pulsions et composer avec sa vie de famille de bourgeoise parisienne. Son mari, Richard, fou amoureux d’elle, découvre sa double vie, tandis que elle, ce n’est pas de l’amour qu’elle a envers lui mais plutôt de la gratitude de l’avoir sortie de son milieu familial modeste et la timidité où elle vivait. Ensuite vient la colère puis la haine. Mais, ironie de la vie, Richard commence à se poser des questions sur son rôle en tant que mari et son rôle auprès de sa femme malade. D’où l’option de la guérir en l’enfermant et l’éloignant en province de toute tentation.
 

ALM : Première femme à décrocher le prix La Mamounia, quelle est votre impression ?
 

Leïla Slimani : Je suis très fière d’avoir reçu ce prix et très honorée qu’un jury de cette qualité ait honoré mon roman.

La technique narrative adoptée crée une distance entre l’auteure et les personnages, est-ce le cas ?

Effectivement, je trouvais important de créer cette distance. Le lecteur regarde Adèle, il l’observe de loin, ce qui permet d’éviter à la fois de tomber dans le jugement moral et dans l’analyse psychologique. Un romancier est là pour donner à voir.

Le style de «La Chute» de Camus est-il pour vous un moyen d’échapper à la tradition littéraire ?

Non, je crois qu’il y a au contraire une tradition littéraire de l’épure, du style clinique, incarnée depuis une trentaine d’années par des gens à la fois comme Kundera, Joyce Carol Oates ou bien même Houellebecq. Je crois surtout que mon thème ne se prêtait pas au lyrisme.

Le thème de l’addiction, est-ce un choix face au monde vide du personnage ?

Oui, finalement cette addiction est le seul moyen d’échapper à l’ennui, à la morosité du quotidien. A la fois elle veut arrêter de souffrir et en même temps elle préfère souffrir que de ne rien ressentir.

Croyez-vous que la littérature est un moyen de liberté?

C’est le plus grand espace de liberté qui existe.

L’amour dans le roman commence avec la tolérance et un laisser-vivre ?

Non, au contraire, dans le roman on voit bien que l’amour ne peut exister que dans la contrainte, dans l’acceptation de certaines règles. Aimer ça ne peut pas seulement s’apparenter à laisser vivre. Il y a toujours une part de possession et de cruauté même dans l’amour.

 

Saâd Benchlikha
Journaliste stagiaire
 

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