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Cadrage : Le doute persiste

Trente mille postes d’emploi offerts généreusement aux Marocains par la désormais célèbre agence de recrutement émiratie «Al Najat». Une action de solidarité exclusive envers nos concitoyens hantés, il est vrai, par le spectre du chômage. Quel que soit le prix à payer, c’est une aubaine pour certains qui payent beaucoup plus, rien que pour une tentative dangereuse dans une patera affrontant ainsi un grand risque de perdre la vie contre une faible chance d’aller outre méditerranée. Visiblement, tout donne à croire en la crédibilité de cette opération.
Outre les déclarations rassurantes du ministre de l’emploi en personne, que ce soit devant le Parlement ou à la télévison, l’engagement de l’ANAPEC, vient boucler la boucle. L’organisme public sous la tutelle du ministère de l’emploi et des affaires sociales procède à l’inscription des dizaines de milliers de candidats postulant pour ces emplois providentiels. Au regard de l’alinéa 10 de l’article 3 de la loi 51-99, l’ANAPEC est chargée d’une mission particulière. Celle d’instruire les offres d’emploi émanant de l’étranger et prospecter toutes les opportunités de placement à l’étranger de nationaux candidats à l’émigration.
A ce titre, l’ANAPAEC s’est vue attribuer le rôle de principal correspondant dans l’affaire du recrutement par la société Al Najat de milliers de personnes pour des postes à bord de bateaux de croisières et de plaisance. Cependant, à chaque re-lecture, les interrogations se multiplient. Pour quelle raison, l’implication de l’ANAPEC a été tardive, le dossier étant confié au départ par Al Najat aux agences d’ intérim comme RMO ? Aucune compétence n’est mentionnée. Autrement dit, le recrutement se fait comme à la criée. Or, sur des bateaux de croisières, il y a toujours du beau linge. Ce qui nécessite des compétences chez l’équipage de ce genre d’embarcation. Seulement, les recrutements se font particulièrement dans des zones rurales et montagnardes, sans même s’enquérir auprès des candidats s’ils sont sujets au mal de mer par exemple …
L’on imagine mal un jeune de la région de Fqih Bensalah tenant l’équilibre avec un plateau chargé sur les mains de différentes liqueurs dont il ignore même le nom, alors que le bateau sillonne les Océans lointains. Autre question : est-ce un gage de fierté que celui de pousser 30 000 marocains d’un seul coup à l’émigration, même sans risque d’escroquerie ? N’aurait-il pas été plus judicieux de faire l’impossible pour leur intégration dans leur pays qui a besoin d’eux en cette nouvelle ère ? Pourquoi ranimer le syndrome de la quête désespérée du travail ?
La plupart d’entre ces candidats vivent dans l’incertitude. Ils sont inscrits, ils ont payé et puis…c’est l’attente.
Ce qui est quasi-certain, c’est la part d’ombre qui persiste. Cette opération est tout sauf limpide.

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