Tout le monde se félicite de la multiplication des festivals au Maroc. En termes de quantité, ils sont au nombre de 70. Et le pays peut très justement être fier de la généralisation de ces manifestations artistiques.
En termes de qualité, seule une poignée tient véritablement la route. On peut y englober le Festival des musiques sacrées du monde de Fès, le Festival gnaoua, musiques du monde d’Essaouira, le Festival Mawazine, rythmes du monde de Rabat, le Festival international du film de Marrakech, le Festival de jazz de Tanger et le Boulevard des jeunes musiciens de Casablanca. Quand le ministre de la Culture établit le constat d’échec de certains festivals, à l’occasion de la présentation mercredi du 5ème Festival international de Volubilis, il fait sûrement allusion aux manifestations initiées par son ministère. Les festivals qui marchent, qui ont du succès, qui attirent un large public portent très rarement la bannière du ministère de la Culture. Qu’est-ce qui manque aux événements de ce ministère pour qu’ils soient à l’unisson de ceux qui ont réussi leur pari ? Pourquoi certaines manifestations s’imposent là où d’autres peinent à exister ?
Un festival réussit parce qu’il répond à une attente, parce qu’il trouve un juste équilibre entre l’intérêt du plus grand nombre et des formes d’art parfois difficiles à appréhender. Un festival réussit, parce qu’il est dirigé par une équipe professionnelle. Un festival réussit, parce qu’il a à sa tête un directeur artistique qui connaît son sujet et des collaborateurs qui écument les villes, les salles de théâtre en vue de découvrir la perle rare qu’ils vont proposer au public. Or les festivals du ministère de la Culture n’ont pas encore réussi à se débarrasser de vieilles habitudes. D’abord cette manie de confier la direction à un salarié du ministère. Faire convenablement un travail à l’intérieur d’une institution, est une chose assumer la direction artistique d’un festival en est une autre.
Ensuite, il faut alléger les manifestations de ce relent patrimonial qu’elles veulent préserver. Il est très louable de défendre un héritage artistico-culturel. Mais il faut le faire de façon évolutive, et non pas l’enraciner dans un cadre quasi folklorique. Ces manifestations gagneraient à être modernisées, en s’ouvrant à des expressions d’aujourd’hui. Il ne s’agit pas de préconiser la fusion entre la “aïta“ et le hip-hop, mais de présenter la “aïta“ sur une scène moderne, avec des moyens techniques qui permettent une bonne acoustique, une scénographie inventive et travailler l’image de ses chanteuses et chanteurs avec les arguments qui font mouche aujourd’hui.
Mais pour réussir ce pari, il faut commencer par balayer devant sa porte, en modernisant l’administration du ministère et changer les habitudes qui y ont la peau très dure.