Société

La Moudawana tue l’épouse

Aujourd’hui le Maroc : Peut-on vraiment parler d’une recrudescence du phénomène de divorce dans notre société marocaine ?
Me Aïcha El Karch : Oui, le divorce est une calamité qui bombarde les foyers marocains, surtout ces dernières décennies. La recrudescence de cette dissolution de mariage est due, dans 90%, à l’homme. Car le code du statut personnel lui a facilité la tâche. La procédure est très simple pour qu’il arrive à répudier sa femme. Dans quelques tribunaux, on applique ce qu’on appelle «le conseil de la famille», qui se compose de quatre sages des deux familles pour arriver une conciliation. Mais ce «conseil de famille» ne s’applique pas par tous les tribunaux.
Pourquoi ?
Parce que les dossiers de demande de répudiation sont trop nombreux et que le juge ne peut en aucun cas convoquer quatre «sages» de la famille du couple d’une part et, d’autre part, le juge justifie leur comportement par le fait que si le mari a décidé de répudier sa femme, personne ne peut lui changer l’idée. Il n’y a pas dans la loi un seul article qui oblige le juge la refuser la décision du mari.
Cela veut-il dire que la loi est avec l’homme ?
On ne peut pas mettre en cause la loi mais la simplicité de la procédure de la répudiation.
Et si c’est la femme qui veut divorcer ?
C’est le calvaire pour elle, elle se trouve entre le marteau de son mari et l’enclume de la machine judiciaire. Elle doit avoir de l’argent afin qu’elle demande la répudiation moyennant compensation (Khol’ê). Sinon, elle doit avoir des preuves pour justifier qu’elle subit des sévices de la part du mari au point que la vie conjugale en soit devenue impossible. Et c’est la grande question qui se pose : pourquoi on croit tout de suite l’époux à qui il lui suffit de déclarer que sa vie conjugale devient impossible avec sa femme pour lui accorder la répudiation et non pour la femme? Est-elle une menteuse ?
Et quelle est la solution ?
Il faut savoir que c’est une question de mentalité d’abord. Jadis, il n’y avait pas d’acte de mariage, il y’avait seulement la lecture de la Fatiha pour se marier. Et pourtant, la relation entre les époux durait des dizaines d’années, car il y’avait encore la bonne foi. Ce que nous n’avons pas. On attend actuellement la réforme de code du statut personnel. Mais avec cette mentalité qui ne se rend pas compte, à titre d’exemple, des enfants qui se jettent à la rue à cause du divorce pour se noyer dans la délinquance, on ne peut arriver à rien.

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