Les prêcheurs envahissent le terrain. Le phénomène prend de plus en plus d’ampleur dans notre société. En effet, ces prédicateurs ne se limitent plus aux communiqués distribués parmi leurs adeptes, en catimini, à la fin des prières dans les différentes mosquées, notamment celles qui sont situées dans les quartiers populaires et populeux. Ils ne se contentent pas non plus de l’exploitation des décès pour faire leurs prêches, mettant à profit cette circonstance douloureuse et les conditions défavorisées de certaines familles pour véhiculer leur message.
Aujourd’hui, ils passent à une autre étape. Celle de faire leurs prêches lors des cérémonies de mariage, en vue de renforcer davantage leurs rangs, en essayant de rallier à leur cause et leurs idées obscurantistes le maximum de gens.
Si lors des décès la nature de l’occasion leur permet de consacrer toute la circonstance aux prêches, chose qui ne leur pose pas de problèmes, dans les cérémonies de mariage, ils gèrent la situation de telle sorte que la présence des groupes musicaux ne leur complique pas la tâche. Comment procèdent-ils?
Samedi dernier, au quartier Moulay Ismaïl à Casablanca, la pratique mise en application par ces prêcheurs a attiré l’attention de tous les invités. Ils ont failli gâcher la fête en fin de compte. Lorsque le groupe musical, qui anime la cérémonie, prend une petite pause, le prêcheur saisit immédiatement l’occasion et commence son discours par la lecture du courant. En ce moment, un autre adepte de son groupe s’adresse aux invités en leur rappelant qu’«il faut écouter au moment de la lecture du Coran». De la sorte, ils parviennent à instaurer un silence leur permettant d’accomplir tranquillement leur mission.
Au départ, il n’y avait aucune protestation puisque l’intervention du prêcheur ne dépassait pas un quart d’heure. Certains disaient même que la lecture du Coran à l’occasion bénit l’union des futurs époux. Elle fait partie de nos traditions. Une certaine alternance entre les deux : hadith et musique. Mais le prêcheur commença à proroger son discours, à tel point qu’il ne laissait plus l’occasion au groupe musical. Chose qui a suscité la colère et des invités et des deux familles. Mais le prêcheur ne voulait pas lâcher du lest. Il croyait qu’il avait dominé le terrain. Le comble est qu’il a exploité cette colère comme un autre thème, en cherchant à convaincre les autres que le « hadith », pendant ces occasions, a toujours été conseillé par le prophète et ses successeurs. Et il a fallu que les responsables des deux familles interviennent sévèrement pour remettre de l’ordre sur le lieu. La surprise fut grande lorsque le groupe musical a repris et que le même problème s’est posé chez les femmes invitées. Et là, c’était pire. Des prêcheuses avaient déjà préparé la mariée pour ne pas se montrer sans voile alors qu’elle était juste avant dévoilée. Pendant environ une heure, c’est la débandade totale, avant que les deux familles ne prennent les choses en main.
Voilà une simple fête qui a failli être transformée en un affrontement entre les prédicateurs et les prédicatrices d’une part et tous les autres invités d’autre part.
L’obscurantisme est-il entrain de planer sur notre société ? La menace n’est pas à écarter, d’autant que le fanatisme se propage de cette façon dans les différentes couches sociales.