Pourquoi les PC n’ont-ils plus la cote ? Après une année 2015 catastrophique, les ventes de PC ont à nouveau décroché au premier trimestre, en recul de 10% selon Gartner, ou de 11,5% selon IDC.
Si les estimations des deux cabinets divergent légèrement, les conclusions sont les mêmes. Jamais, depuis 2007, le marché mondial des PC n’avait été aussi bas, avec 60 millions de ventes environ. Soit près de 7 millions d’ordinateurs de moins vendus en un an, selon Gartner.
Mikako Kitagawa, de Gartner, explique ce fort recul par «la hausse du dollar face à la plupart des monnaies». Dans un marché libellé en dollars, même si les produits sont pour la plupart fabriqués en Chine, cette évolution des devises conduit à une augmentation des prix de vente, qui peut parfois atteindre 10% et freiner les ardeurs des consommateurs. «La mise à jour gratuite de Windows 10 a aussi encouragé de nombreux clients à repousser l’achat d’un nouvel équipement», ajoutent les analystes d’IDC. À cela s’ajoutent des spécificités locales. Au-delà des facteurs conjoncturels, les causes sont avant tout structurelles, liées à une évolution des usages. «Les ordinateurs n’entrent plus dans les nouveaux foyers, comme ils le faisaient auparavant, spécialement dans les pays émergents», souligne l’analyste de Gartner.
Après avoir été cannibalisé par les tablettes, le PC s’est trouvé un redoutable adversaire: les smartphones. Avec des capacités comparables à celle d’un ordinateur d’il y a quelques années, des écrans dont la qualité permet la lecture de documents et surtout la consommation de vidéos, les smartphones sont préférés aux PC par les ménages qui n’ont pas toujours les moyens de s’offrir les deux. Les fabricants, eux-mêmes, ne s’y trompent pas. HP et Acer ont lancé des PC de la taille d’un smartphone et qui peuvent s’utiliser comme un ordinateur de bureau, une fois branchés à une station d’accueil, un clavier et un écran, un positionnement que l’on retrouve sur le Lumia 950 de Microsoft.
Les fabricants font, en effet, preuve d’imagination pour tenter de résister à l’érosion de leur marché. En dépit de leurs efforts, ils enregistrent tous une baisse. Les ventes de Lenovo, le leader du marché, ont plongé de 8,5%, celles de HP de 10,8%. Le numéro deux mondial vient à peine d’achever sa restructuration liée à la séparation en deux entreprises de l’ex Hewlett-Packard. Ce type d’opération pèse toujours sur les ventes. Même Apple, qui jusqu’à présent parvenait à résister à la baisse générale, a vu ses ventes d’ordinateurs fléchir de 2,1%. Les analystes se refusent toutefois à enterrer le marché des PC. Ils s’attendent à un rebond au deuxième trimestre, avec une reprise des commandes des entreprises et de l’éducation.