Automobile

Mourad Saadi: «Le marché automobile du neuf en Algérie sera miné par le système des quotas»

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Entretien avec Mourad Saadi, fondateur du Mensuel de l’Automobile Algérie

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Il est vrai que cette politique de quotas permet d’équilibrer un peu la balance commerciale du pays, face notamment à la réduction des importations, en raison de la chute de prix qu’a connue le baril de pétrole, n’empêche qu’elle provoquera davantage de chômage et des crises sociales.
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ALM : Quels sont les pronostics en termes de ventes de voitures neuves en Algérie ?
Mourad Saadi : Aujourd’hui, on peut considérer que le marché algérien de l’automobile neuve est réduit à néant. Et je pèse mes mots, surtout comparé aux dernières années qui ont vu le marché progresser de façon extraordinaire témoignant des besoins en mobilité et en transport, et en matière de marchandises, qui sont estimés à plus de 400.000 véhicules. Des besoins importants qui ne pourront plus être satisfaits aujourd’hui. Pourquoi donc ? Tout simplement à cause de la nouvelle politique des quotas qui vient d’être instaurée par les pouvoirs publics et qui a été applicable à partir de mai 2016. Les quotas attribués limitent l’entrée des véhicules neufs sur le sol algérien à seulement 83.000 unités par an au lieu des 152.000 initialement prévus !

Quelles sont les conséquences attendues de cette politique ?

Aujourd’hui on revient donc aux années de plomb, c’est-à-dire à ces années où les Algériens faisaient des bons de commande et pouvaient attendre 4 ou 5 ans avant de recevoir un véhicule, et ce sans savoir quelle marque, quel modèle, quelle couleur ils recevront ! Je noircis quelque peu le tableau, mais on peut dire que l’on est presque retournés à ces années-là. Il est vrai que cette politique de quotas permet d’équilibrer un peu la balance commerciale du pays, face notamment à la réduction des importations, en raison de la chute de prix qu’a connue le baril de pétrole, n’empêche qu’elle provoquera davantage de chômage et des crises sociales, car elle minera des secteurs entiers, comme celui de l’automobile, mais aussi celui du bâtiment et quelques autres.

Que pouvez-vous en dire d’autre ?

Le marché algérien à la fin des années 1990 et début des années 2000 était caractérisé par des taux d’importation de véhicules d’occasion très importants chez les particuliers qui importaient plus que les concessionnaires. Par la suite, l’Etat algérien avait interdit l’importation de ces véhicules par les particuliers. Ce qui avait «boosté» en quelque sorte le chiffre d’affaires des concessionnaires qui existaient à l’époque. Aujourd’hui, l’Etat algérien, en plus d’imposer des quotas, offre la liberté totale d’importer et de commercer. Ce qui se manifeste depuis 2 mois par l’arrivée de nouveaux distributeurs en Algérie, notamment pour certaines marques telles que Hyundai, Chevrolet, Opel, Ford… Ce qui provoquera, à terme, une disparition pure et dure de certains concessionnaires au profit d’autres.

On parle aussi d’un nouveau cahier des charges instauré par les importateurs algériens… que pouvez-vous nous en dire ?

L’Etat algérien a fixé de nouvelles normes pour les concessionnaires et distributeurs de marques automobiles avec un nouveau cahier des charges en termes de sécurité, de représentation (200 m2 minimum de surface d’exposition pour un showroom), présence d’un atelier, etc.   Pour importer en Algérie, il faut une licence d’importation. Une telle licence est valable pendant 6 mois. Si vous passez une commande en Asie, il faut attendre 3 mois pour que votre commande soit fabriquée, 3 mois pour qu’elle soit acheminée jusqu’en Algérie (vu la distance géographique). Le temps que la commande arrive, la licence est périmée déjà ! De fait, les volumes vont encore plus s’amenuiser à l’heure où la demande reste très forte en Algérie. Peugeot Algérie par exemple a aujourd’hui un quota de 7.000 véhicules alors qu’il a un portefeuille commandes de 9.000 unités. Il va donc devoir rembourser pas moins de 2.000 clients !

Pourquoi l’association algérienne des concessionnaires ne tente-t-elle pas de négocier avec les pouvoirs publics ?

L’association des concessionnaires n’a pas le poids pour négocier avec les pouvoirs publics, elle ne fait que soumettre des propositions dont les pouvoirs publics n’ont guère tenu compte. Le seul moyen de réguler ce problème c’est de se retourner vers le marché de l’occasion. Certains parlent d’une réouverture de l’importation de l’occasion à partir de l’Europe. Cela veut dire qu’à terme, le marché algérien deviendra un dépotoir pour véhicules usagers venant d’un autre continent.

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