Une lutte d’influence se poursuit entre l’Iran et les Etats-Unis dans l’ouest de l’Afghanistan par le biais de projets de reconstruction, au bénéfice du gouverneur de Hérat, Ismaïl Khan, et de la population locale.L’autoroute de 120 km, s’étirant d’Herat à la frontière iranienne, témoigne de la détermination de l’Iran à renforcer ses liens avec l’Afghanistan qui accueille depuis octobre 2001 des soldats de son rival américain.
Depuis huit mois, des ingénieurs iraniens travaillent sur cette route, dans le cadre d’un projet de plusieurs millions de dollars entièrement financé par l’Iran. De leur côté, les Etats-Unis s’apprêtent à lancer des projets de reconstruction à Herat, ville pivot de l’ouest afghan, et semblent déterminés à ce que l’Iran, considéré par le président américain George W. Bush comme membre de l' »axe du mal », n’étende pas trop son influence dans la région. Le bénéficiaire de cette double largesse, le gouverneur de Hérat, Ismaïl Khan, dit qu’il veut de « bonnes relations avec les deux » états. » Nous ne voulons pas que les problèmes entre ces deux pays créent des problèmes en Afghanistan », a-t-il dit. « L’Iran et les Américains nous ont aidés depuis plusieurs années, y compris durant la Jihad (guerre sainte, contre les soviétiques).Tous les deux sont nos amis », ajoute Khan, qui s’est associé au combat antitaliban avec l’ Alliance du Nord. Lors d’une visite à Kaboul ce mois-ci, le président iranien Mohammad Khatami a promis que Téhéran n’interfèrerait pas dans les affaires afghanes. Mais il a averti qu’il en attendait de même de la part des Etats-unis qui ont déployé quelque 7.000 soldats en Afghanistan.L’Iran, chiite, a apporté un soutien matériel et financier majeur à l’Alliance du Nord, dont la composante chiite s’est associée au combat contre les talibans sunnites.
Selon une source diplomatique iranienne à Kaboul, Téhéran prévoit aussi d’aider au financement d’une liaison ferroviaire de la frontière jusqu’à Herat. Ismaïl khan estime injuste de mal interpréter les motivations iraniennes. « Cela ne veut pas dire que l’Iran se prépare à attaquer l’Afghanistan. Construire des routes peut entraîner un accroissement des échanges commerciaux. Tout ce qu’ils font ne devrait pas être considéré comme une tentative de gagner de l’influence », a dit le gouverneur de Hérat, qui a passé de nombreuses années en exil en Iran. Mais Washington reste circonspect quant aux desseins de l’Iran en Afghanistan. Khan a reçu cette année la visite du secrétaire d’état à la défense, Donald Rumsteck, la seule que le responsable américain ait faite sur le territoire afghan hormis celle des troupes américaines et une rencontre avec le président ami karaze, à Kaboul.
Selon le porte-parole des militaires américains, le lancement des projets financés par Washington, d’une valeur d’un demi-million de dollars, n’est plus qu’«une affaire de semaines». «Cela comprend la remise à neuf des écoles, des puits ainsi que des projets agricoles », a indiqué le commandant Gary Tallage.
Washington et Téhéran restent notamment en désaccord sur les allégations selon lesquelles des membres du réseau terroriste Al- Qaïda ont été autorisés à franchir la frontière afghane pour trouver refuge en Iran. M. Khatami a affirmé à Kaboul « qu’en aucune façon l’Iran ne serait abusé ou mal utilisé par les groupes terroristes qui ont été en Afghanistan ». Mais M. Rumsteck a dit le lendemain qu' »ils permettent à Al Qaïda d’être présente dans leur pays aujourd’hui ». Ismaïl Khan a affirmé qu' »il n’y a aucun doute sur le fait que quelques (membres) d’ Al- Qaïda aient franchi la frontière vers l’Iran. », longue de 900 km, mais certainement pas de hauts responsables.












