El Guerrouj seul contre le chrono

Le chronomètre devrait une nouvelle fois être le principal adversaire du Marocain Hicham El Guerrouj lors du 1500 m de la réunion d’athlétisme de Bruxelles comptant pour la Golden League, vendredi soir dans un stade Roi Baudouin comble. Depuis la finale maudite des jeux Olympiques de Sydney, où il avait été battu par le Kenyan Noah Ngeny, El Guerrouj a aligné 22 victoires en 22 courses.
La monotonie et la solitude n’empêchent cependant pas le Marocain de demeurer ambitieux. Son principal objectif à court terme étant d’améliorer son propre record du monde (3 : 26.00), déjà vieux de plus de quatre ans (14 juillet 1998 à Rome). «Je suis à Bruxelles pour ça ou, au pire, pour améliorer le record de la piste », annonce-t-il d’une voix sûre.
Un record de la piste qu’El Guerrouj avait établi il y a un an en réussissant 3 : 26.12. «Ces 12 centièmes de trop me restent en travers de la gorge, car ce soir-là, j’avais les jambes pour descendre sous les 3: 26. Mais au lieu de me concentrer sur le chrono, j’avais préféré contrôler la course car Bernard Lagat n’était pas loin de moi. Cela m’avait coûté de précieux dixièmes », se souvient-il avec regret. Pour la quatrième fois cette année, après Paris, Monaco et Zurich, El Guerrouj va donc tenter d’effacer son record. L’athlète y croit, même s’il avoue une logique fatigue. «Tant mentalement que physiquement, c’est très dur de courir tous les vendredis. C’est la dernière année que je dispute l’entièreté de la Golden League. Cette débauche d’énergie m’avait coûté un titre olympique. Ça suffit. Je vais désormais me fixer d’autres objectifs», avance-t-il.
Dès le mois d’octobre, le petit prince du demi-fond débutera une préparation spécifique sur 5000 m. Une distance sur laquelle il compte s’aligner lors des championnats du monde à Paris en 2003 puis aux JO d’Athènes en 2004. « Paris sera un test. Le véritable objectif reste Athènes, où je doublerai là aussi 1500 et 5000 avec la ferme intention de m’imposer». D’ici là, Hicham-le-magnifique continuera le combat qu’il mène depuis le début de la saison en faveur de la lutte antidopage. Via le ruban rouge qu’il porte lors de chaque course, le Marocain réclame des contrôles sanguins. «Il faut arrêter cette bêtise qu’est le dopage et continuer à mobiliser les athlètes et les fédérations autour de cette lutte. Je ne veux pas courir à côté d’un «laboratoire». Et El Guerrouj d’assurer que si «lors d’un contrôle, on trouve dans mon organisme 0,0001% de produit interdit, je suis prêt à rendre toutes les médailles et tout l’argent gagnés durant ma carrière».