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Humeur : Les états de la terre

Le développement durable. La belle affaire. L’ONU n’a trouvé rien de mieux, en ces temps d’incertitude tous azimuts et sur tous les fronts, pour amuser la galerie mondiale à Johannesburg en Afrique du Sud. La terre est en danger, il faut se mobiliser pour la sauver. Les nations riches comme les pays pauvres. La main dans la main comme des copains. Une hypocrisie aussi vieille que le monde : les richesses, on les privatise.
Quant aux pertes, on les socialise. L’égoïsme dans le premier cas, la solidarité dans le second. Exclus du bien-être économique et social, les pays du sud sont invités aux côtés du monde industrialisé à réfléchir sur l’avenir de la planète.
En fait, chacun sa planète. Chaque pays a ses problèmes et ses ambitions. Au Maroc, le développement doit être affaire d’imagination. Les atouts à l’état brut existent. Encore faut-il les valoriser pour en tirer un profit pour la collectivité. Nous en sommes à ce stade actuellement. En attendant, certains privilégiés ont pensé très tôt à leur développement personnel durable : qui a privatisé un coin en haute mer, qui s’est approprié des arpents de carrière de sable, qui a jeté son dévolu sur une commune…
Ainsi va le développement au Maroc en l’absence d’une vision claire qui intègre les véritables préalables pour un décollage économique et social. Les partis politiques, passage obligé jusqu’à preuve du contraire pour ce saut en avant, continuent à se morfondre dans l’inaction. Pour ne s’être soucié que de leur confort politicien , ils sont éloignés petit à petit des préoccupations de la cité et des citoyens. Résultat : au lieu d’un environnement durablement sain, on a eu droit à des nuisances permanentes. Pollution à tous les étages, saletés à vue d’oeil et paupérisation du grand nombre. Et comme tout terrain laissé en déshérence, ont prospéré dessus les produits qui agressent le regard. Maintenant, le pays fait connaissance avec des individus extrémistes qui tuent carrément leurs semblables.
Certains partis politiques continuent à se poser en interprètes des problèmes du monde rural. Sans se donner les moyens d’agir sur un plan concret. L’État a dû débourser cette année la bagatelle de 6 milliards de DH pour faire face à la sécheresse qui a sévi dans ce monde. On se demande par où est passée cette manne extraordinaire. En fait, elle a servi essentiellement à acheter le foin pour le bétail alors qu’il aurait fallu l’utiliser dans la mise en place de programmes durables comme les moyens d’irrigation.
Répartis sur les régions sinistrées par les agents de l’autorité locale, ces fonds se sont comme évaporés puisque chaque agriculteur a reçu des miettes. Une enveloppe de quelques pauvres milliers de DH. Comme les responsables ne sont pas allés affronter directement les maux des campagnes, les champs sont venus s’installer dans les villes. Aujourd’hui, les périphéries de certaines métropoles comme Casablanca et Fès n’ont rien de citadin. Un paysage défiguré où le mal vivre le dispute au “mal habiter“.
Avec un chômage galopant, ces quartiers longtemps abandonnés sont devenus des coupe-gorge infestés d’extrémistes égorgeurs. Les observateurs attendent toujours les programmes des partis politiques pour nous expliquer entre autres comment ils comptent injecter une bonne dose de développement pacifique dans ces endroits.
En vérité, le sommet de Johannesburg doit servir au Maroc pour aménager et développer son propre territoire selon des normes modernes et démocratiques.
La finalité étant d’assurer l’épanouissement de la population. Quant à la couche d’ozone, à l’effet de serre et aux émissions de gaz nocifs, c’est une autre histoire. N’est-ce pas M. Bush ?

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