Economie

L’Etat doit prendre ses responsabilités

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ALM : A la lumière du dernier incendie de la Samir, le deuxième du genre en l’espace de neuf mois, quel état des lieux faites-vous de la sécurité des installations à risque au Maroc ?
Abedrrahim Benmoussa : Plusieurs paramètres sont à prendre en considération. A commencer par le cadre réglementaire qui régit ce secteur, par le degré d’engagement des sociétés opérant dans des secteurs à risques( comme le secteur pétrolier, celui de la chimie et parachimie…) dans le respect de la réglementation en vigueur et son application sur le terrain. Il y a également le coût que représente la mise en oeuvre des normes de sécurité pour une entreprise donnée et le suivi, ou pas, de ces normes par les autorités étatiques compétentes. S’agissant de la réglementation, le Maroc dispose bel et bien d’un cadre législatif, d’inspiration française. Mais les différents dahirs et lois en la matière sont anciens et n’ont pas été mis à jour. Il n’existe pas de d’arrêtés ministériels à même d’accompagner l’évolution à la fois de ces secteurs et des risques nouveaux qui se posent actuellement. Pour ne citer que ce cas, la Samir, et bien qu’elle avait fait l’objet d’un premier incendie il y a neuf mois, aucune décision n’est intervenue pour contourner ou palier les risques à venir que ses installations constituent.
Qu’en est-il du coût que représente la mise en place de ces normes ? Ne serait-il pas la cause de ce genre d’incidents ?
Il faut pour cela distinguer entre les multinationales installées au Maroc et les sociétés nationales, constituées en grande majorité de PME/PMI. Pour les premières, les normes de sécurité font partie de la politique de l’entreprise. Cela implique que cette dernière doit obligatoirement mettre en place un dispositif de sécurité qui lui est propre et qui concerne aussi bien ses installations que son environnement. Il y va de son image de marque. Et même avec un coût conséquent, elle se retrouve gagnante à la fin du compte. Tel n’est pas le cas pour les entreprises nationales, pour qui la sécurité ne constitue pas plus d’une charge supplémentaire. Une charge qui comprend des coûts d’investissements, de fonctionnement et de formation, dépendamment de l’état des lieux des installations. Le coût de ces différentes démarches est somme toute trop élevé pour être supporté par l’entreprise. Et c’est là où l’Etat doit intervenir pour faire soumettre ces entreprises aux normes établies. Le cas de la Samir est assez spécial puisqu’il s’agit certes d’une grande société mais qui n’est pas encore une multinationale à part entière et dont le fonctionnement est marqué par une attitude plutôt réactive que proactive. Là aussi, c’est l’Etat qui doit assurer le suivi du respect des normes de sécurité et de maintenance.
Quelles sont les mesures à prendre par l’Etat ou cas où une installation donnée venait à présenter un risque pour la population ?
Tout d’abord, et bien avant qu’une installation ne soit mise en place, une étude de danger est systématiquement élaborée pour mesure la gravité du danger qu’elle représente à l’égard du voisinage. Ce qu’il y a, c’est que après la construction d’une installation, des populations viennent s’installer aux alentours, au risque de s’exposer à des dangers qui au départ, n’existaient pas. Là aussi, le rôle de l’Etat est on ne peut plus primordial, que ce soit en matière de réglementation ou de plan d’aménagement du territoire, notamment par le biais de délocalisation des installations à risque.

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