Société

La femme aux mille talents

C’est à l’ancienne Médina de Casablanca, que Hajja Mahjouba Afilal (HMA) est née un 20 juin. A Diour Jamaâ, dans la capitale, elle a rejoint la Parti de l’Istiqlal en1970. Juste deux ans après avoir connu la vie militante syndicale, au sein de l’Union générale des travailleurs de Maroc (UGTM). Cet engagement syndical, à la fleur de l’âge, lui permettra d’épouser, très jeune, l’idéologie égalitaire du Parti de l’Istiqlal et, comme par hasard, se marier avec l’un de ses dirigeants les plus en vue :Abderrazak Afilal. Un acheminement normal. H.M.A est issue d’une famille simple, voire modeste. Le père était un employé, fils d’agriculteur Medkouri (El Gara). La mère, femme au foyer, comme la majorité des Marocaines de l’époque, était conservatrice.
Mahjouba fait partie de cette génération de Marocains, qui, à bas âge, s’était habituée à regarder l’image du père de la Nation, feu SM Mohammed V, gravée sur la lune.
Elle garde aussi en mémoire sa première rencontre avec feu Si Allal, qui l’avait marqué par sa stature. Regarder passer HMA, sans conn-aître le personnage, on la prendrait pour une grande intellectuelle, une bourgeoise dorée sur tranche.
Mais sa simplicité et sa modestie font d’elle une dame humble, abordable, attachante et conviviale.
Une grande dame, habile et soignée, au regard distrait mais charmant. Des yeux d’enfer que, parfois, un foulard (pas islamique) rend encore plus attirants de respect. Elle manie parfaitement l’arabe classique et le dialecte et évite la langue de Molière dont elle a pourtant une bonne connaissance. Pourtant, HMA a tiré profit de la qualité de l’enseignement dispensé à la «Poule de mère» à Casablanca, à la mi-décennie des années cinquante, avant de rejoindre le lycée Abdelmoumen. Mais le destin a voulu que Hajja noue vite avec le monde du travail. C’est à l’age de18 ans que tout a basculé pour elle. Le destin la conduit à l’UGTM en 1968, où elle exerçait le métier de secrétaire. Toute une vie à rebours doit repasser pour comprendre le personnage et la femme qui a, derrière elle, tout un passé de militante sincère et d’abnégation au service des démunis, et devant, un avenir qui pourrait la hisser, un peu sur le tard, à la députation et à la gestion des affaires publiques.
Dotée d’une excellente organisation et d’une construction de l’esprit, elle n’a rien à voir avec ces hommes et femmes en morceaux, toujours angoissés. La mer y est pour quelque chose. C’est là qu’elle accompagne, parfois, son charismatique Abderrzak Afilal, un fou de la pêche. L’Océan, dit-elle, aide à extérioriser, se détendre, à oublier les peines et souffrances du quotidien. Les chansons d’Oum Keltoum, qu’elle adore, ont des effets enchanteurs. A côté de sa vocation de cordon.
La famille est au centre de ses intérêts et a tout investi dans l’éducation de ses quatre enfants. Rachid est notaire, Si Mohamed est médecin anesthésiste, tandis que Fatima Zahra et Khadija poursuivent des études de Pharmacie et de marketing. Sa renommée, elle la doit surtout à son action inlassable en faveur des démunis de la région d’Ain Sebaâ. La générosité de Lhajja est légendaire. Son nom est connu jusque dans les carrières centrales (Hay Mohammedi), au fonds des bidonvilles. C’est là qu’elle déploie son action caritative envers les familles et les enfants nécessiteux (circoncision, colonies de vacances, encadrement éducatif). Ses électrices et électeurs se comptent en dizaines de milliers et la reçoivent, en cette campagne électorale, avec des dattes et du lait. En invitée de marque. On pourra reprocher à l’Hajja son engagement trop poussé. Tel un être en perpétuelle quête de la connaissance, de la servitude d’une cause à laquelle elle s’est mariée. Sans aucune possibilité de divorce. Tous ses engagements, on les voit défiler à travers ses multiples va-et-vient, entre les bidonvilles, où elle jouit d’une grande estime, et les palais de verre de la préfecture d’Ain Sebaâ Hay Mohammadi où elle force le respect et l’admiration des préposés à la chose communale et administrative. Et le fameux dicton « derrière chaque grand homme, il y a une femme » devra être inversé : c’est en grande partie grâce à elle que le mari contrôle et nourrit ses fiefs électoraux. Elle serait le principal artisan de ses grands succès, que l’audace et le courage du militant et dirigeant syndicaliste ne sauraient suffire, ni garantir.
Surtout dans des quartiers marginalisés, où élection est synonyme d’opportunité de gains… HMA se bat aujourd’hui comme 4ème dans la liste nationale du PI. Des chances sérieuses pour la militante qui a gravi bien des échelons dans la nomenclatura istiqlalienne.

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