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Décélération de l’économie en 2018 : BAM enfonce le clou

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Les prévisions de BAM confirment une lente mais sûre accélération de la croissance du crédit bancaire aux entreprises du secteur privé. Celui-ci devrait augmenter de 5% l’année prochaine, après une hausse de 4,5% sur l’année en cours.

Dans la foulée de l’annonce du maintien du taux directeur à 2,25%, Bank Al-Maghrib a actualisé plusieurs de ses prévisions pour l’économie nationale. La première, et sans doute la plus suivie, concerne bien sûr la croissance économique pour l’année en cours pour laquelle l’institution se montre plutôt optimiste. La banque centrale parie sur une progression de l’économie nationale de 4,3%, un chiffre cependant légèrement revu à la baisse par rapport au trimestre passé.

Le rapprochement s’impose de fait avec les prévisions du Haut-Commissariat au Plan (HCP) qui a aussi livré, il y a quelques semaines, son budget économique exploratoire 2018. Et le fait est que les deux institutions convergent, le HCP pariant sur une croissance de l’économie nationale de 4,1%. En revanche, HCP et BAM voient les choses différemment pour ce qui est de la croissance en 2018, que les opérateurs scrutent peut-être avec davantage d’attention. Les deux institutions s’attendent certes à ce que la croissance ralentisse par rapport à 2017, mais elles divergent quant à l’ampleur de la décélération. Côté BAM, la barre est établie à 3,1% au moment où les équipes de Lahlimi ne s’attendent pas à plus de 2,4%.

C’est que la valeur ajoutée agricole pourra difficilement faire mieux que l’année en cours. Cependant en la matière, il ressort que le HCP est plus optimiste que BAM, sachant que les deux institutions basent leur prévision sur un retour à une campagne agricole moyenne en 2018. Pour la première fois, le secteur primaire devrait subir une baisse limitée à 0,3%, tandis que BAM s’attend à une chute de 1%. Cela ne manquera pas de porter un coup à la croissance de la consommation finale des ménages du fait d’une contraction des revenus agricoles, d’où la décélération de la croissance globale anticipée pour l’année prochaine.

Une bonne nouvelle persiste néanmoins dans tout cela, à savoir que la valeur ajoutée non agricole devrait faire un peu mieux que l’année en cours et ce, que l’on se place du côté du HCP ou de BAM. Selon le premier, les secteurs secondaire et tertiaire devraient terminer 2018 avec une hausse de leur valeur ajoutée de 2,9% au lieu de 2,5% sur l’année en cours. La banque centrale parie, quant à elle, sur une progression du PIB non agricole de 3,6% l’année prochaine au lieu de 3% cette année. Les opérateurs des secteurs secondaire et tertiaire devraient manifestement profiter de l’effort public d’investissement, qui bien qu’en décélération, reste relativement soutenu «en liaison avec la poursuite des grands projets, notamment l’implantation de l’usine Peugeot et la poursuite du rythme de l’investissement public», souligne BAM.

Cependant, le secteur non agricole devrait s’en sortir un peu moins bien en termes d’exportations, du fait du ralentissement de la demande étrangère et la dissipation de l’effet de la dépréciation du taux de change effectif réel. Cela peut laisser penser que les banques devraient profiter d’opportunités de placements de crédits un peu plus importantes sur les mois à venir, notamment auprès du secteur non financier. Effectivement, les prévisions de BAM confirment une lente mais sûre accélération de la croissance du crédit bancaire aux entreprises du secteur privé. Celui-ci devrait augmenter de 5% l’année prochaine, après une hausse de 4,5% sur l’année en cours. Pour apprécier le chemin parcouru rappelons que ces financements ont affiché une hausse erratique sur les 4 dernières années: 1,7% en 2013, 3,8% en 2014, 0,3% en 2015 et 3,9% en 2016. Ce regain de forme anticipé du crédit peut étonner si l’on considère l’accentuation du déficit de liquidité bancaire sur les mois à venir.

Selon les anticipations de BAM l’on devrait monter à près de 47 milliards DH à la fin de l’année en cours pour atteindre encore 53,9 milliards DH l’année prochaine. Ceci alors que fin 2016, le déficit était encore contenu à 14,7 milliards. Ce choc sera néanmoins amorti par la dépréciation du taux de change effectif réel sur les prochains mois soutenu par le maintien par BAM de conditions monétaires accommodantes à moyen terme, annonce la banque centrale.

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