Le film vient d’être projeté à l’Institut français de Casablanca
Gael Morel peint le portrait touchant d’Edith, incarnée par Sandrine Bonnaire, dont le destin est bouleversé par un plan social. Le film a été projeté jeudi 1er mars, à l’Institut français de Casablanca dans le cadre de la programmation Ciné France Maroc. Entre chronique sociale et drame intimiste, «Prendre le large» raconte l’histoire d’immigration inversée d’une ouvrière française solitaire bientôt cinquantenaire qui a choisi de faire un aller simple vers Tanger. Et pour cause, l’usine de textile dans laquelle elle travaille depuis toujours a été délocalisée vers la ville du détroit. N’ayant pas vraiment le choix, Edith se lance dans cette nouvelle aventure et vers l’incertain sans se douter qu’une nouvelle vie riche en rencontres s’offre à elle.
Au fil de l’histoire, elle se lie vite d’amitié avec Mina (Mouna Fettou), qui tient la pension où elle loge. Une amitié qui va changer sa vie. A travers ce film, le réalisateur veut rendre hommage au milieu ouvrier d’où il vient, dit-il. «Il y a souvent des personnages d’origine modeste dans mes films, mais ils ne sont pas nécessairement issus de la classe ouvrière dans laquelle j’ai grandi». Sur son inspiration, Gael Morel explique que c’est en évoquant avec son père la situation du textile à Villefranche-sur-Saône, où il a longtemps travaillé lui-même comme ouvrier, qu’il a eu l’idée de cette femme qui accepte un reclassement au Maroc.
Sur le choix du Maroc, le réalisateur confie que c’est le seul pays d’Afrique du Nord qui offre autant de sécurité aujourd’hui et il est associé aux vacances. «Imaginer une Française mener une vie d’ouvrière là-bas, loin des images de cartes postales, créait un phénomène de singularité», déclare-t-il. Quant au regard qu’il porte sur Tanger, le réalisateur de «Prendre le large» souligne que c’est une ville en pleine expansion, avec une économie florissante et c’est une ville très attractive où les industries européennes, dont le textile, s’implantent. Pour incarner le rôle de Mina, Gael Morel a fait appel à Mouna Fettou. «Je voulais une actrice qui s’oppose à Sandrine, elle devait avoir une silhouette différente mais être capable de jouer presque la même musique. Mouna Fettou a cela : terrible en colère et presque enfantine quand elle sourit». Notons que ce film a été nommé en 2017 au Festival international du film de Toronto, il rend hommage au milieu ouvrier qui subit très souvent les répercussions économiques des plans sociaux.