Au milieu des années 90, et pour corriger quelques dommages collatéraux de l’ajustement structurel, le Maroc avait lancé la première génération de programmes sociaux, baptisée à l’époque BAJ, éponyme qui renvoie vers le programme des priorités sociales (Barnamaj Al Awlawiyyate Al Ijtimaiiyya).
Ces programmes avaient pour objectifs essentiels de subvenir aux besoins basiques comme l’accès à l’eau potable, à l’électricité et aux services de santé. A l’époque, c’était là les urgences.
Une décennie plus tard, en 2005, le BAJ laisse place à l’INDH, un programme bien plus élaboré, plus participatif et qui, surtout, comportait une composante qui n’existait pas avant, celle des activités génératrices de revenus (AGR). On avait fini par comprendre que l’accès aux services de base ne suffisait pas, à lui seul, à faire sortir les gens de la pauvreté. Il fallait leur permettre aussi d’avoir des revenus pour dépenser et vivre. C’est qu’en l’espace de 20 ans, la notion et le visage de la pauvreté avaient changé. Et c’est encore le cas aujourd’hui. La pauvreté que combattait l’INDH il y a 13 ans a changé de visage. Certes, la pauvreté absolue a quasiment disparu du Maroc, si l’on en croit les chiffres du HCP, mais il reste un autre spectre tout aussi dangereux qui s’appelle la précarité. Comparées aux pauvres d’il y a 20 ou 30 ans, les personnes qu’on dit aujourd’hui en situation précaire peuvent paraître plus aisées parce que disposant des services de base et accédant même à ce qui aurait paru de la fiction il y a des décennies comme le téléphone portable, la télévision, la parabole et même la voiture.
Mais la digitalisation conjuguée à l’explosion de la communication de masse font que la précarité se mesure désormais au degré d’adaptabilité de l’individu. Et pour s’adapter à une société changeante, un individu doit être outillé en information et en formation. Ce seront là les prochains champs de bataille des programmes sociaux de nouvelle génération.