Société

À quoi sert le ministère des Droits de l’Homme?

À quoi le sert le ministère des droits de l’Homme dans le Maroc d’aujourd’hui ? L’existence de ce département est-elle toujours justifiée ?
Ce ministère fut créé pour la première fois en novembre 1993 et confié alors à Omar Azziman. Sa création, précédée de deux ans par la mise en place du CCDH, était liée à une conjoncture précise marquée par la volonté du Maroc d’apurer le dossier douloureux des prisonniers et des exilés politiques. Longtemps pointé du doigt comme étant un mauvais élève en matière des droits humains, le Maroc était résolu de tourner la page des années de plombs. Le processus de normalisation sera enclenché par l’amnistie générale décrétée en 1996 par feu Hassan II qui a permis le retour des exilés politiques et la libération des prisonniers d’opinion. Le CCDH aura, lui, comme charge le recensement et l’examen des dossiers des victimes de cette période noire du pays pour les indemniser. Inimaginable il y a encore une décennie, Amnesty International finit par créer en 1999 une antenne à Rabat et son président, Pierre Sané, y sera accueilli par les officiels marocains. De l’avis même de cette organisation qui diabolisait naguère le Maroc, le Royaume est devenu un pays où les droits de l’homme sont respectés … Cette ouverture a favorisé également l’assainissement du climat politique national et sa décrispation. D’où l’avènement de l’alternance en 1998. La boucle est bouclée.
Nous sommes en 2003 avec un gouvernement conduit par Driss Jettou. Un homme qui a hissé en haut de son mât la mise à niveau économique et la résorption des problèmes sociaux. Logiquement, si le ministère des droits de l’homme devait absolument être maintenu, cela doit être accompagné d’une révision en profondeur de son action et de ses objectifs à la lumière de la nouvelle donne. Puisqu’il n’existe plus de Tazmamart, puisque les exilés politiques ont bénéficié de la grâce royale, puisque le processus d’indemnisation des victimes est presque terminé, qu’est ce qui justifierait alors l’existence d’un tel ministère formaté encore selon une vision aujourd’hui éculée ? En effet, tout se passe comme si Mohamed Aoujar, le titulaire RNI du portefeuille, s’était glissé dans les pantoufles de ses prédécesseurs. On ne l’a pas entendu, depuis qu’il a hérité de ce ministère en mars 1998, développer un discours qui soit en phase avec la réalité des droits de l’Homme au Maroc et ce que ces derniers doivent être de nos jours.
Si le Maroc a gagné sans conteste des espaces substantiels dans le domaine des libertés, reste la bataille de tous les jours. Celle de l’amélioration des conditions de la population. Si les droits de l’homme ont aujourd’hui un sens, ils doivent, en effet, englober les droits au travail, au logement, aux soins, à un enseignement de qualité… En un mot, promouvoir le bien-être et favoriser l’épanouissement. Les boat-people qui meurent chaque jour dans le Détroit pour fuir la misère et gagner l’Espagne…Voilà un sujet qui relève des droits de l’homme par excellence. Compte tenu de son caractère dramatique, ce phénomène pourrait justifier l’existence du ministère des droits de l’homme ne serait-ce que par un travail de sensibilisation auprès des candidats au départ… vers la mort.

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