Une fois de plus, la réforme de l’éducation bute sur l’écueil mortel de la langue.
L’habilité démagogique de certains politiques aidant, on se retrouve encore avec une réforme vitale et urgente entièrement bloquée parce que certains ont déplacé le débat sur le contenu de laréforme vers leur marécage préféré où se mêlent l’identitarisme, les clivages sociaux, la lutte des classes mélangées, le tout enveloppé dans du populisme pur jus.
A l’heure où les enfants et les jeunes du monde sont parfaitement polyglottes et où la maîtrise de deux langues est presque un smig intellectuel, ces politiques veulent convaincre les Marocains qu’enseigner les maths, les sciences, la chimie dans une langue autre que l’arabe est presque un acte criminel relevant du complot contre la nation et l’identité marocaines.
Donc si l’on pousse le raisonnement de ces politiques illuminés jusqu’à son extrême, toutes les générations de bacheliers des années 80 et avant l’arabisation dont eux-mêmes font partie d’ailleurs, ont une marocanité incomplète parce qu’ils ont fait leurs classes dans l’ancien système. Ce sont ces générations qui forment aujourd’hui le plus gros du contingent de l’administration, des offices et entreprises publics, du secteur privé. Qu’on le veuille ou non, ce sont aussi ces mêmes générations à la marocanité «nakssa» qui ont constitué les forces vives du Maroc ces 30 dernières années avec leurs échecs et leurs réussites, comme toutes les générations.
De deux choses l’une alors : soit que ces politiques démagogues ne connaissent pas tous ces faits et constats évidents, ce qui est très inquiétant. Soit ils ont d’autres objectifs occultes à travers leur plaidoyer anti langues étrangères auquel cas c’est suspect, voire dangereux…