Antigone chahutée

«Ils étaient très excités à l’entrée» dit l’écrivain Hocein Faraj qui a assisté à la pièce. Des jeunes venus par groupes, déterminés à s’amuser. Nombre d’entre eux ont pris place dans le poulailler. Ils ont fait un brouhaha terrible en sifflant. C’est à qui fera le plus de bruit.
Nabyl Lahlou s’est adressé à eux pour les calmer. La comédienne Sophia Hadi a fait de même, mais personne n’a pu venir à bout des agitateurs déterminés à faire la peau à la pièce. Au bout d’une heure de jeu dans un vacarme indescriptible, les comédiens ont été obligés d’arrêter la représentation.
«Il est inadmissible qu’un groupe de trublions empêche des comédiens de jouer» s’indigne l’écrivain Hocein Faraj. Quant à Nabyl Lahlou, il impute cette attitude au manque d’éducation théâtrale des jeunes qui sont venus en masse. «J’ai arrêté la pièce, parce que nous avons commis l’erreur de jouer devant le public des écoles, des collèges et des lycées», dit-il. Et d’ajouter : «J’ai voulu inviter le plus de monde à la fête avec un prix d’entrée dérisoire : 15 DH. C’est la dernière fois de ma vie que je ferai ce genre de tarifs».
Et Nabyl Lahlou de désigner du doigt le trop de liberté dont ne savent pas user les jeunes. «Une éducation s’impose dans les écoles et les lycées. La culture est très importante pour respecter autrui». «J’ai été triste de devoir arrêter ma pièce parce que de jeunes excités ont décidé de nous empêcher de jouer». Nabyl Lahlou appelle à des mesures draconiennes : «Ceux qui ne savent pas se servir de la liberté sont des cons. Je n’irai pas jusqu’à dire qu’il faut utiliser le bâton avec eux, mais il leur faut une dictature, du moment qu’ils sont incapables de se comporter comme des êtres libres». Ce n’est pas la première représentation perturbée par les sifflements des lycéens. Cela est fréquent au théâtre Mohammed V dont le grand espace permet toutes les audaces. Aux administrateurs de cette salle d’anticiper sur ce genre de comportements.