«L’argent à portée de main encourage les tentations», dit un commissaire de police qui a requis l’anonymat en commentant le fléau de la prolifération des détournements de fonds dans les banques, ces derniers temps. Notre interlocuteur est allé plus loin dans son commentaire en expliquant que «ce sont les banques qui encouragent leurs fonctionnaires à détourner, à leur faveur, des millions de dirhams.
Ce sont les banques qui mettent en application la politique de laisser aller, sans le moindre contrôle. Ni hebdomadaire, ni mensuel, ni annuel». Il s’interroge, pour justifier ses remarques, sur le fait qu’un employé arrive à détourner des millions de dirhams durant des années sans être dévoilé par un simple contrôle, alors qu’elles sont informatisées. Le même commissaire ajoute que : « Les banques ne disposent d’aucun système de sécurité pour sauvegarder l’argent des clients et nous avons, à maintes reprises, envoyé des lettres aux banques afin qu’elles aident la sûreté nationale, en mettant des systèmes de sécurité. Mais en vain ». Pourquoi ?
« La réponse est simple, elles ne perdent rien, par ces détournements. L’argent détourné est couvert par les assurances… Certes, elles perdent, plus ou moins, l’image de marque mais elles gagnent beaucoup de choses», explique-t-il. Lesquelles?
«Outre la couverture des fonds détournés par l’assurance, la banque se constitue partie civile contre l’employé une fois ce dernier arrêté et avale par conséquent tous ce qu’il dispose en argent et en immobilier, ainsi qu’elle se libère d’un employé qui pèse lourd puisque les employés impliqués dans des détournements sont tous d’anciennes recrues».
Le commissaire va encore plus loin. Il traite les banques de «complices », qui laissent l’argent des clients à portée de main des employés sans prendre les moindre mesures pour les protéger. Pour justifier, une fois encore, il s’interroge ; pourquoi les détournements touchent les grandes banques de la place et non pas les petites ? Et de répondre: «Parce qu’elles ne disposent pas de système de sécurité gratuit ou qui ne coûtera rien à ces banques. Elles veulent pas investir dans la sécurité des fonds de la clientèle. C’est un comportement volontaire de la part des responsables des banques pour faciliter les détournements. C’est une mafia financière qui agit et non pas ces petits employés», Et la police, que fait-elle pour diminuer la prolifération de ces affaires économiques ? «Nous ne pouvons rien faire, sauf nous pencher sur l’affaire, quand la banque dénonce un détournement…», conclut-il.