Hamid Fettah : « Fès a besoin de Fassis »

Aujourd’hui Le Maroc : Qu’en est-il réellement de l’affaire de l’assassinat du touriste français à Fès ?
Hamid Fettah : En fait, il s’agit d’un drogué notoire. Au moment où il a perdu le contrôle de lui-même, il était armé et s’en est donc pris au premier venu. Il se trouve qu’il s’agissait d’un touriste français, mais n’importe qui pouvait être sa cible. Dans l’état psychique où il se trouvait, je ne pense pas qu’il était capable de distinguer entre un Marocain et un étranger.
Mais certains journaux ont bel et bien parlé d’un islamiste?
Ce sont de purs mensonges. Ni la police, ni la justice n’ont affirmé qu’il s’agissait d’un islamiste. D’ailleurs, la déclaration du procureur général du Roi a clairement mentionné qu’il s’agissait d’un « déséquilibré mental ». Ce que je peux vous dire c’est qu’un vrai musulman ne peut pas commettre ce genre d’atrocité.
Pourquoi, selon vous, on a voulu coller ce crime aux islamistes?
Je pense que parce qu’un jour un crime à l’arme blanche a été commis à Fès par des personnes considérées comme des islamistes, à chaque fois qu’un criminel fera usage de l’arme blanche on essaiera de lui coller l’étiquette islamiste. Je pense que ce genre de réflexe dénote d’un manque certain de sérieux.
Pensez-vous que l’on veille porter atteinte à l’expérience communale du PJD dans cette ville?
Non, absolument pas. L’expérience du PJD à Fès n’a rien à voir avec cette amplification. C’est un point sur le quel je souhaite énormément insister.
Quelle est la situation sécuritaire à Fès?
Là encore, c’est un sujet qui revient incessamment sur les colonnes de la presse nationale. Une chose est sûre: la situation sécuritaire à Fès est la même que dans toutes les grandes villes du Royaume. Bien évidemment, il y a des dérapages. L’assassinat du touriste français, que nous regrettons tous, est un exemple de ces dérapages. Mais il ne s’agit que de cas isolés. Je suis sûr que des crimes semblables sont quotidiennement commis dans toutes les villes du Maroc. Mais, bizarrement, on se s’intéresse qu’à la ville de Fès. Ce que je peux vous assurer à ce titre, c’est que l’image que certains médias nationaux donnent de la ville n’a absolument rien à voir avec la réalité.
Vous pensez, donc, que la presse amplifie la question sécuritaire à Fès?
Absolument. Ce qui est dommage. Car les autorités sont sur le qui-vive. Ils font leur travail convenablement. En plus, l’amplification d’actes isolés ne fait que nuire à l’image de marque de la ville et va finir par la détruire.
Comment cela?
Comment voulez-vous que des hommes d’affaires et des sociétés, nationaux et étrangers, prennent l’initiative d’investir à Fès, s’ils lisent à longueur de journée des histoires, souvent inventées de toutes pièces, sur l’insécurité dans la ville.
C’est la raison pour laquelle je tiens à vous dire que la sécurité est l’affaire de tous, et non pas seulement la responsabilité des autorités. Le nationalisme et la citoyenneté nous obligent, tous, à contribuer à l’instauration d’un climat de sérénité dans nos villes.
J’insiste donc que le fait d’amplifier certains évènements revient à porter atteinte à l’économie de la ville toute entière.
Justement, comment se porte l’économie de Fès?
Comme dans toutes les villes du Maroc, nous avons nos problèmes. C’est tout à fait normal. Mais ce qui est sûr c’est que nous recevons énormément de touristes, et ils se promènent librement dans les rues de la ville sans aucune escorte. Pour ce qui est du chômage, il fait inéluctablement partie de l’ensemble des problèmes dont souffrent la ville de Fès, et le pays tout entier.
Je pense que le problème majeur de Fès est que les hommes d’affaires qui y sont originaires ne font pas suffisamment d’efforts pour elle. Les Fassis doivent investir dans leur ville.
C’est une erreur d’aller fructifier son argent ailleurs. Il faut pour cela du courage, mais ce qui est sûr, c’est que les potentialités existent et les compétences également. Encore faut-il les utiliser.