Culture

Mort d’un grand architecte casablancais

Comme tous les créateurs à l’avant-garde, son architecture ne plaisait pas à tous. Son audace dans l’architecture surprenait les gens. Pourtant les avis des architectes sont unanimes: «C’est l’un des architectes les plus marquants de la deuxième moitié du XXe siècle», dit Henri Tastemain. «Sans doute l’un des meilleurs architectes que le Maroc ait connu au XXe siècle», renchérit Elie Azagury. «C’était un architecte peu commercial et internationalement connu», affirme Patrice de Mazières. «C’est le plus courageux des architectes français qui ont construit au Maroc pendant le protectorat. Il était très créatif et très inventif», dit Selma Zerhouni. Et pour s’en convaincre, il suffit de citer l’un des édifices, au Maroc, les mieux représentés dans les revues internationales d’architecture. La villa Sami Suissa à Casablanca est considérée comme un manifeste de l’architecture moderne.
Construite en 1947, elle a inauguré le style ultra moderne qui caractérisait les années d’après-guerre. Elle est également considérée comme un emblème de la ville. Fermée depuis longtemps, cette villa subit actuellement des travaux pour sa transformation en restaurant de “Chez Paul”. Parmi les autres réalisions de Zevaco qui méritent d’être mentionnées : l’aérogare de Til Mellil.
Cet édifice illustre la liberté de création dont faisait preuve cet architecte. Construit en 1953, l’aérogare, avec sa structure en béton brut associé à ses murs blancs, rompt avec la tradition architecturale des édifices publics construits jusqu’alors. Cette liberté dérangeait quelque peu. Zevaco fuyait l’ornementation.
Opposé aux arcades et aux tuiles vertes, cet architecte avait un parti pris contre le style décoratif. Il accordait davantage d’intérêt aux masses et à la volumétrie. Ce qui rend ses réalisations éminemment plastiques. Il mettait aussi beaucoup de soin dans les détails de ses constructions. « Son travail est comparable à ce qui a été fait de plus avant-gardiste à l’étranger », dit l’architecte Elie Azagury. En attestent le tribunal de Mohammedia, le bâtiment de la station thermale Sidi Harazem, les sièges de Maroc Bureaux et d’Afrique Assurances à Rabat et l’école Théophile Gautier À Casablanca. En dépit de ces réalisations, Zevaco a souffert d’une certaine forme de disgrâce. « Il était incompris par les autorités », dit laconiquement l’architecte Henri Tastemain.
François Zevaco est né le 8 août 1916 à Casablanca. Il a fait ses études à Paris et Marseille. Connu pour l’intransigeance dont il faisait preuve dans son métier, il avait l’estime des hommes et femmes de sa profession. Son oeuvre a été récompensée par une distinction rare et très prisée : la médaille d’or de l’Académie d’Architecture de Paris.

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