Pour la première fois, l’Etat s’engage financièrement, à moyen terme, au côté de l’agence. Même si le contrat d’objectif et de moyens dont les termes sont censés clarifier le fonctionnement de l’agence par rapport aux pouvoirs publics n’est toujours pas signé. Cette année, le budget de l’AFP – qui se débat depuis des décennies avec des problèmes budgétaires liés notamment à son statut particulier – sera relativement stable. Adopté mercredi, il s’élèvera en 2003 à 253,7 millions d’euros, contre 253,07 millions d’euros en 2002. Cette nouvelle plutôt heureuse intègre, en creux, les souhaits du président de la République, Jacques Chirac, de voir se renforcer la couverture journalistique française des événements internationaux. Le budget de l’AFP apparaît toutefois modeste face aux moyens humains et technologiques développés par ses concurrentes anglo-saxonnes (Associated Press et Reuters surtout) pour rendre compte, par exemple, de la crise irakienne. En 2003, l’Etat augmentera de 4,5 %, conformément à ce que prévoit la loi de finances, le prix payé pour ses abonnements. Il est en revanche d’ores et déjà établi que celui-ci n’augmentera que de 3 % en 2004, que de 2,4 % en 2005, de 2 % en 2006 et de 1,5 % en 2007. Aussi bizarre que cela puisse paraître, le budget de fonctionnement de l’AFP, qui ne dispose pas de capital, dépend directement du nombre et du tarif des abonnements souscrits par l’Etat, en théorie son « premier client », devant les médias français et étrangers.
Les « abonnements » souscrits par les services publics nourrissent historiquement près de 40 % du budget de l’agence. Désormais, l’Etat confirme sa volonté de voir réduire la part de son financement à moins de 38 % du budget. Il demande, en même temps, que les déficits chroniques de l’agence (9 millions d’euros en 2002, 14,2 millions d’euros budgétés en 2003) soient endigués d’ici cinq ans. Les statuts de l’AFP obligent, en théorie, l’agence à présenter chaque année un budget équilibré.
Face à ces contraintes de gestion, M. Eveno, s’adressant au personnel, a affirmé qu’il n’y aurait pas de plan social. Mais l’AFP, dit-il, « doit poursuivre la rigueur de gestion engagée depuis deux ans ». La masse salariale devra, elle, « continuer à être maîtrisée »et des départs volontaires (sur le mode de la cessation anticipée d’activité des travailleurs salariés) seront envisagés.
Le regard braqué sur la gestion expéditive de l’agence britannique Reuters – qui a licencié 2 500 personnes ces deux dernières années –, les deux représentants du personnel au conseil d’administration se sont abstenus lors du vote de ce budget, regrettant le manque de transparence de la direction à propos des conséquences de « la maîtrise de la masse salariale ».
(Le Monde)