Culture

L’art piétiné à Marrakech

© D.R

L’artiste a voulu profiter de la présence des journalistes au festival international du film de Marrakech pour médiatiser son exposition de design. Dimanche 5 octobre, Zineb El Fihri a invité la presse à Dar Chérifa. Elle avait un peu le trac. On la sentait tendue, parce qu’elle appréhendait l’accueil qui sera fait aux oeuvres qu’elle expose en compagnie de sa soeur Oum El Ghait. Une fois entrée dans les locaux de Dar Chérifa, l’intéressée est devenue pâle. Elle balbutiait quelques mots inaudibles. Elle s’est jetée sur un ouvrier qui s’activait devant un podium de fortune. «Où sont nos objets ?» Il lui a indiqué un coin où étaient tassées pêle-mêle les pièces pour lesquelles elle a invité les journalistes. On les a déplacées en vue d’organiser un défilé de mode. À l’insu des artistes, le responsable de cet établissement a pris la décision de chambouler une scénographie qui a nécessité un mois de travail. Quelle indignation ! Indépendamment de la qualité des objets entassés, il est extrêmement rare de trouver une attitude aussi cavalière et insultante à l’égard de créateurs. L’expo était prévue sur les cartons d’invitation du 27 septembre au 15 octobre. Interrogé sur le chamboulement opéré le dimanche 5 octobre, le responsable de Dar Chérifa, Abdellatif Aït Ben Abdellah, nous a répondus : «Le défilé de mode était prévu bien avant la manifestation de design. Il n’a duré que deux heures. Mme El Fihri pouvait patienter un après-midi, vu qu’elle a bloqué Dar Chérifa pendant 15 jours !» La designer a commenté après coup la décision de déplacer les objets de l’expo : «j’ai ressenti cela comme un viol !» La façon humiliante dont on s’est comporté avec elle est instructive du tort que font certains galeristes non professionnels aux artistes et à l’art dans ce pays. Ils veulent rentabiliser leur investissement très vite, et par n’importe quel moyen. «L’éducation et la création doivent transcender les objectifs mercantiles à court terme », dit Zineb El Fihri. Quant au responsable de Dar Chérifa, il répète à qui veut l’entendre qu’il «n’a pas de contrat avec les artistes». À entendre par contrat, un papier dûment rempli et signé et qui peut constituer une preuve au cas où l’une des parties déciderait de saisir la justice. Et le contrat moral ? L’obligation de respecter une parole donnée ? De ne pas bafouer l’art ? Cela ne fait vraisemblablement pas partie des préoccupations de l’hôte de ce lieu.

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