Editorial

La schizophrénie institutionnelle

© D.R

Bonne fêtes aux femmes marocaines! Pour les autres, aussi. Mais particulièrement pour les nôtres, nous leur souhaitons une bonne moudawana, pleine d’articles émancipateurs, de dispositions égalitaires et d’articles libérateurs. C’est le moins que l’on puisse leur souhaiter, de tout coeur, à un moment où dans notre pays la cause des femmes est devenue le vrai marqueur de ce que nous voulons faire, collectivement, de notre société. Cette cause trace la frontière parfaite entre la réaction et le progrès, le repli sur soi ou l’ouverture aux autres, la modernité ou le conservatisme le plus obscur. C’est de cela qu’il s’agit, tout simplement.
Tous les autres discours, quels qu’ils soient, sont à mesurer à l’aune de cette cause. Aucune économie ne peut faire ou réussir le libre-échange, la mondialisation, la mise à niveau ou toutes les sornettes nécessaires que vous voulez si la moitié de la société est cloîtrée dans un statut mineur. Sans cette condition, on ne pourra pas non plus faire 10 millions de touristes en 2010, les NTIC, un secteur textile moderne et tout le reste.
Un Pays, une société, une économie respirent ensemble. Leur destin est strictement lié. Si au discours dominant sur la modernité économique ne correspond pas une véritable modernisation sociale et le discours qui va forcément avec cela devient une supercherie politique et intellectuelle évidente. Le libéralisme n’est pas exclusivement une théorie économique. Il est avant tout une théorie sociale.
Prendre l’un sans l’autre, en marginalisant les femmes par exemple, cela devient totalement une schizophrénie institutionnelle.
Les Marocaines ont le droit de faire sortir leur cause de la surenchère politicienne. La maîtrise de leur destin ne passe pas telle que pensent ou ne pensent pas telle ou telle formation politique. Ni le PJD ni ses affidés n’ont à dicter leurs conditions dans une affaire dans laquelle ils n’ont strictement aucune forme d’exclusivité morale, politique ou religieuse. On ne sous-traite pas l’avenir d’une société aux franges les plus extrêmes qui la composent. Cela a, qu’à Dieu ne plaise, un nom : la régression.
Maintenant si notre pays veut retrouver la voie du progrès et de la prospérité, il faut qu’il sorte d’une manière volontariste la femme de sa réclusion en lui proposant un statut généreux, moderne et égalitaire. Tout est subordonné à cette exigence car rien ne se fera, ni la démocratie, ni l’État de droit, sans sa libération.

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