Plus de 700 journalistes (reporters, cadreurs de télévision et photographes) du monde entier sont en effet appelés à intégrer les unités des forces armées américaines en cas d’attaque contre l’Irak dans une opération sans précédent baptisée « presse intégrée » (« media embedding »).
Même le conflit du Vietnam qui avait pourtant sérieusement mis à mal les relations traditionnellement délicates entre l’institution militaire et les médias n’avait pas fait l’objet d’un tel déferlement de journalistes appelés à côtoyer les combattants, à dormir et à travailler à leurs côtés. « Quand l’histoire de cette opération d’intégration sera écrite, je pense que ce sera un tournant dans la manière dont les militaires et les médias auront coopéré. Cela servira d’exemple pour la couverture des guerres à l’avenir », a déclaré à Reuters le lieutenant-colonel Franklin Childress, chargé de diriger les relations avec les médias au Koweït.
Le colonel Childress et les officiers qui coordonnent l’opération « media embedding » assurent que les journalistes invités à travailler au sein même des unités disposeront d’un accès sans précédent au travail des soldats, permettant ainsi au monde entier d’être spectateur de la totalité d’un conflit moderne, sans complaisance aucune. Mais des réserves et des craintes subsistent quant au risque de manipulation des médias par les militaires qui ont imposé 50 règles strictes sur le terrain, et beaucoup de journalistes craignent d’être contraints de diffuser une version édulcorée ou diluée des événements. « LE PIRE DES CAMPINGS » alors que des journalistes auront accès à des informations dites « classées » (confidentielles), ils reconnaissent que des contrôles seront exercés pour s’assurer qu’ils ne divulguent pas d’informations « sensibles ».
Seules les fautes ou les erreurs permettront de voir où finit l’indépendance des médias et où commencent la surveillance des militaires. Alors que certains journalistes « intégrés » seront incorporés au sein de la marine et de l’armée de l’air, la plupart le seront dans des unités terrestres ou le corps d’élite des « marines », actuellement déployés dans des camps dans le désert du Koweït, juste au sud de la frontière irakienne.