Risques de délocalisations, baisse des ventes, innovation et solutions de mobilité…
Les segments de l’industrie automobile sont confrontés à une crise sans précédent. Cette période a donné un coup de frein sec aux ventes qui ont atteint des niveaux historiquement bas aussi bien au niveau mondial qu’au niveau national poussant les principaux acteurs du l’industrie automobile à repenser leurs stratégies. L’éventualité de redéploiement et de relocalisation pour certains constructeurs n’a pas été écartée. Jusqu’à quand cette crise va-t-elle durer ? Quel impact sur le marché marocain ? Est-ce qu’elle a affecté les comportements des consommateurs ? Dans quelle mesure ? Que faire en tant que constructeur ? Que faire en tant que distributeur? Et que faire en tant que pouvoir public pour essayer de s’en sortir ? Pour y voir plus clair, l’Association des importateurs de véhicules au Maroc (AIVAM) a organisé le 17 juin un webinaire avec les experts du cabinet Frost & Sullivan afin de permettre aux acteurs du secteur automobile d’avoir plus de visibilité pour la suite. Lors de cet échange une analyse complète avec les scénarios qui prennent en compte les défis actuels a été partagée. Pour Adil Bennani, président de l’Aivam, «comme toute crise, celle de la Covid-19 est accompagnée de certaines opportunités et il est intéressant de savoir quelles sont celles qui se profilent dans ce contexte et quelles sont enfin les stratégies à adopter et imaginer pour pouvoir en tirer profit. Le marché mondial connaît une baisse importante ainsi que le Maroc. En Europe les ventes se sont écroulées de 42% et au Maroc jusqu’à la fin du mois de mai elles ont chuté de 46%».
Relocalisation des usines: Moins de risques pour le Maroc que la Chine
La relance prendra plus longtemps comparé aux crises précédentes. Selon les experts de Frost & Sullivan, il semblerait qu’il faudrait entre 3 et 5 ans pour reprendre un rythme normal de production d’avant-Covid-19, à savoir plus de 90 millions de véhicules par an. La production automobile mondiale est en baisse actuellement de 21% (71,7 millions de véhicules). Au niveau des risques de délocalisation de certaines entreprises, le risque pour le Maroc est moins important que la Chine. Pour les experts, il y a des opportunités pour le Maroc de se positionner avec les constructeurs qui ont une chaîne de valeur chinoise ou indienne pour servir de plate-forme au marché nord-africain.
Innovation, digital et véhicules électriques : un créneau à exploiter
En termes de déplacement, la Covid-19 est en train de redessiner la mobilité dans les villes. Ainsi, l’usage privé des véhicules se développera du fait de la peur de contagion, selon l’analyse de Frost & Sullivan. L’usage des transports public a chuté de 80% dans le monde au mois d’avril. Au Maroc, l’utilisation du tramway à Casablanca par exemple a baissé de 90% sur ce mois. Pendant cette pandémie l’appétence pour le commerce en ligne de l’industrie automobile a augmenté. Dans le même sens, des solutions de plus en plus innovantes sont offertes faisant donc appel à la créativité et au déploiement de la digitalisation du parcours client. Parallèlement, plusieurs pays dans le monde concentrent leurs efforts sur la mobilité durable mais aussi l’industrie innovante. Une voie que le Maroc devrait commencer à prendre en stimulant l’investissement sur l’innovation technologique manufacturière, en gardant en ligne de mire le besoin de transition vers l’électrique et en considérant une prime à la casse qui permettrait de sortir les véhicules les plus anciens et les plus polluants. Il s’agit de remplacer à court terme 500.000 véhicules du parc automobile qui ont plus de 30 ans. Enfin, il faudra porter appui à l’industrie automobile à court, moyen et long termes.