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Architecture, médecine, ingénierie… Ces disciplines phares à l’épreuve de la Covid-19

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Prisées par une grande part des jeunes bacheliers

ALM a choisi de mettre en lumière trois disciplines phares dans l’enseignement supérieur, à savoir l’architecture, la médecine et l’ingénierie en génie civil en donnant la parole aux experts.

«Les études en architecture ne sont pas si compliquées que ça pour qu’on les restreigne aux seuls scientifiques», Rachid Boufous, architecte-urbaniste et membre du Conseil national de l’Ordre des architectes.
Face aux contraintes imposées par la Covid-19, la conception architecturale classique va changer de paradigme. Cette mue doit être accompagnée par une formation plus adaptée. Pour Rachid Boufous, architecte-urbaniste et membre du Conseil national de l’Ordre des architectes, «l’accès à l’Ecole nationale d’architecture se fait sur concours sur la base d’une note au baccalauréat qui avoisine les 17 de moyenne. Seuls les étudiants des branches scientifiques ont le droit d’y concourir, ce qui constitue, à mon avis, une injustice qui est faite aux autres bacheliers venant des autres branches, et qui sont tous aussi brillants. Les études en architecture ne sont pas si compliquées que ça pour qu’on les restreigne aux seuls scientifiques. Malgré cela, nous nous apercevons que ce mode de sélection ne permet pas forcément l’éclosion de talents plus tard».
Et de poursuivre: «La formation actuelle d’architecte pèche par un manque de compétences acquises sur le terrain. Les étudiants en architecture font très peu de stages professionnels durant leur cursus. Le stage professionnel exigible par la loi 16.89 qui régit notre profession et qui dure deux ans, après l’obtention du diplôme d’architecte, n’est jamais fait pour des raisons d’ordre organisationnel». Il propose dans ce sens que ce stage soit organisé au cours du cursus universitaire de 6 ans, à partir de la 4ème année, qu’il soit fait à moitié en agence d’architecture privée et pour moitié à l’école ; supervisé par un encadrant, un maître de stage et un représentant de l’ordre des architectes. «Ce stage doit être sanctionné par un examen, dont la réussite conditionne la possibilité offerte à l’étudiant de préparer son diplôme final d’architecte», recommande-t-il.
Par ailleurs, il est nécessaire d’établir des passerelles avec d’autres formations universitaires, notamment: la préservation du patrimoine, la programmation et l’économie des projets, l’environnement, l’urbanisme, le paysagisme, l’archéologie, les métiers de l’artisanat, le BIM, les beaux-arts, la sociologie, les sciences humaines, indique l’expert ajoutant que l’architecte est amené dans son activité à intervenir dans beaucoup de secteurs et de domaines et à résoudre dans sa conception plusieurs problématiques auxquelles sa formation de base ne le prépare pas.

Pour lui : «Le métier étant de plus en plus compétitif, il est de plus en plus urgent d’envisager des spécialisations accrues dans tous ces domaines».

«La Covid-19 a bouleversé la pratique de la médecine dans les hôpitaux», Ahmed Amine El Oumri, professeur en médecine à la Faculté de médecine et pharmacie d’Oujda.

Télémédecine, e-learning, et dernières technologies… la médecine est une des disciplines qui a le plus évolué durant la période de la Covid-19. Son enseignement n’est pas en reste. C’est ce que nous apprend Mohamed Amine El Oumri, professeur en médecine à la Faculté de médecine d’Oujda, médecine physique et réadaptation -médecine du sport – douleur interventionnelle. «La Covid-19 a bouleversé la pratique médicale dans les hôpitaux à travers la réorganisation des circuits de soins (Covid et non Covid), et l’implication de tous les acteurs de soins dans la prise en charge des patients Covid. Dans le quotidien, le renforcement des mesures préventives (port obligatoire de masques, utilisation plus fréquente de solutions hydroalcooliques) a été de rigueur, par la force des choses, au sein des structures hospitalières et au sein des cabinets», indique-t-il.
Concernant l’enseignement en médecine, Ahmed Amine El Oumri confie : «La Covid-19 nous a permis de découvrir le e-learning qui n’était pas utilisé à grande échelle dans l’enseignement médical. Ce qui pourra ouvrir la voie rapidement à un changement radical dans l’enseignement à travers l’utilisation des nouvelles technologies dans le transfert de savoir. Le développement de la télémédecine, déjà initié bien avant la Covid-19, peut nous offrir beaucoup d’opportunités dans la prise en charge des patients, notamment dans les zones peu médicalisées». Pour lui, la médecine est avant tout une passion.
Par ailleurs, la formation des futurs médecins pourra profiter de l’essor technologique prisé durant cette crise pour faire intégrer la télémédecine, les technologies de l’information mais aussi le renforcement des capacités dans certaines approches comme la simulation médicale dans le domaine de la gestion des urgences, des catastrophes et des épidémies.

Conseil de carrière :
«Il faut que tout jeune qui s’apprête à commencer des études en médecine sache que la médecine est une passion, un dévouement et surtout l’amour d’un métier accompagné d’un total respect des patients», précise-t-il.

«L’artisan est le meilleur professeur de l’ingénieur chantier débutant !», Mohamed Nawfal Boutahir, directeur-adjoint du Bureau de normalisation des techniques et équipement de la construction français (BNTEC)

«Ingénieur en génie civil est un métier transversal, qui accompagne un projet de construction depuis sa conception jusqu’à sa réalisation et des fois pour sa déconstruction. On peut dire que l’épisode Covid-19 a remis les espaces de vie, de travail et d’habitation au centre des préoccupations des professionnels de la construction et également des utilisateurs. Certaines réflexions voient le jour concernant la capacité de ces espaces à garantir la santé et la sécurité des occupants face à une épidémie comme celle que nous avons vécue.
D’autres se préoccupent de l’adaptabilité des bâtiments face à des changements de mode de vie comme le télétravail ou les espaces de coworking…», explique Mohammed Nawfal Boutahir, directeur-adjoint du Bureau de normalisation des techniques et équipement de la construction français (BNTEC). Et de poursuivre : «Un ingénieur sorti d’école devra donc être sensibilisé à de tels enjeux pour avoir la capacité de proposer des solutions techniques efficaces. Il devra également être sensibilisé aux aspects normatifs et règlementaires de la construction qui assurent la santé des usagers, comme par exemple les exigences liées au taux de renouvellement d’air dans un espace en fonction de sa destination. L’ingénieur peut également assurer la fonction de manager pendant la réalisation des travaux, il est ainsi responsable de la gestion de la co-activité d’équipes dont les métiers et les interventions diffèrents. Il est donc essentiel qu’il soit en mesure de s’adapter aux contraintes liées à une telle co-activité en respectant les règles sanitaires». Dans ce sens, la qualité d’un ingénieur se mesure par sa capacité à résoudre les problèmes auxquels il fait face. Non seulement grâce à ses capacités scientifiques, mais également grâce à ses compétences humaines telles que l’écoute, la communication, l’ouverture et la curiosité.

Conseils de carrière :
«Tout d’abord, la passion pour ce secteur et aimer construire ! Ensuite avoir un fort esprit d’équipe et de solidarité. Il faut aussi rester très humble pour mieux apprendre car aussi surprenant que cela puisse paraître, l’artisan est le meilleur professeur de l’ingénieur chantier débutant ! L’ouverture et la curiosité seront également un atout incontestable pour évoluer et faire évoluer son métier», conclut-il.

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