«Si on fait redécouvrir une oeuvre, la première honnêteté consiste à la présenter comme elle l’a été la première fois", affirme à l’AFP Gilbert Bezzina, directeur musical et créateur voici vingt ans de l’Ensemble Baroque de Nice. "Aborder le monde de la musique baroque, c’est aller à la redécouverte d’un répertoire qui n’est plus joué et s’étend de 1600 à 1760. Rosmira Fedele a été créé le 27 janvier 1738 lors des fêtes de Carnaval au théâtre San Angelo de Venise, trois ans avant la mort d’Antonio Vivaldi", ajoute-t-il. Il a fallu un an pour monter à Nice cet opéra en trois actes dont la mise en scène, les décors et les costumes sont réalisés par Gilbert Blin. La distribution comprend Marianna Pizzolato et Claire Brua (mezzo-soprano), Salomé Haller et Rossana Bertini (soprano), Jacek Laszczkowski (sopraniste), Philippe Cantor (baryton) et John Elwes (ténor). Le livret original, conservé à la bibliothèque de Turin comme les autres opéras de Vivaldi, a été retranscrit fidèlement. "On n’a fait aucune coupure. Tous les arguments du récit tiennent. Il manquait quelques airs.
Avec l’aide d’un musicologue, on en a pris d’autres de l’œuvre lyrique de Vivaldi, ce qui permet d’avoir un éventail plus grand de la vie musicale à Venise à cette époque", souligne Gilbert Bezzina. Rosmira Fedele est un pasticcio, c’est-à-dire que Vivaldi, comme c’était alors l’usage, a agrémenté sa partition d’emprunts fait à ses contemporains les plus célèbres comme Pergolese, Hasse et Haendel. Les musiciens de l’Ensemble Baroque de Nice ont recours à des instruments à corde anciens, à la technique de jeu de l’époque. "On arrive ainsi à un son qui doit ressembler, puisqu’on n’en a aucun témoignage, à celui de la musique d’alors", précise Gilbert Bezzina. "La musique baroque n’est pas un musée. Il faut qu’elle redevienne quelque chose de vivant. Certes, Rosmira Fedela n’est pas l’œuvre la plus connue de Vivaldi mais on ne peut pas jouer éternellement les Quatre Saisons", dit-il.