Editorial

Les hauteurs du Sommet

«Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi et le roi du Maroc Mohammed VI ont quitté la salle du Sommet arabe qui s’est ouvert mardi à Alger avant la fin de la séance inaugurale et alors que les chefs de délégation poursuivaient leurs discours, ont constaté des journalistes de l’AFP. Le dirigeant libyen est sorti en premier du Palais des Nations, suivi du roi du Maroc, après le discours du président algérien Abdelaziz Bouteflika. Il n’était pas possible de savoir dans l’immédiat s’ils quittaient la capitale algérienne.» Cette dépêche de l’AFP en provenance d’Alger et datée du 22 mars 2005 à 14h10 a de quoi jeter un froid sérieux sur les libations austères du Sommet arabe. Déjà que rien ne va, il ne faut pas non plus en rajouter.
Renseignement pris immédiatement, cette dépêche ne tient pas la route. Bricolage hâtif d’un agencier qui connaît trop bien les mœurs arabes et qui pensait tenir là un bon coup qui confirme sa science. En fait, S.M le Roi, après avoir écouté le discours de Boutef, qui était du Boutef pur jus, celui de Zapatero, sur une généreuse alliance entre les civilisations devant des Arabes qui n’arrivent même pas à s’allier autour de la leur, est sorti changer un peu d’air. Il en a profité pour tailler une bavette avec Zine El Abidine Ben Ali .
Dans la salle, Alpha Oumar Konaré, le patron actuel de l’Union africaine, livrait son texte probablement corrigé par Boutef, le sponsor exclusif des coups tordus africains. Rien n’obligeait le Roi du Maroc à écouter le discours du président d’une organisation qui s’est discréditée depuis longtemps en accueillant en son sein une république aussi fantôme que croupion. D’ailleurs, Boutef lors de son discours a eu l’élégance intellectuelle -si, il en est capable quand cela flatte son ego- de ne pas parler de sa bande de truands de Tindouf devant le Sommet. Un bon point. Il pourra se rattraper ailleurs, on peut lui faire confiance, au moins, sur ce point.
Sur le fond, SM le Roi a dit ce qu’il avait à dire. Sur les Arabes, nos congénères, le constat d’impuissance et de faiblesse est affirmé de nouveau. Sur l’Irak et la Palestine, la position du pays est rappelée. Sur le Maghreb, le choix stratégique est clair. En substance, il est inéluctable, mais pas sur le dos de notre intégrité territoriale.
Sur les réformes dites endogènes, chacun se débrouille à son rythme. Nous, on ne donne pas de leçons aux autres et les autres -«qu’ils soient des nôtres ou d’ailleurs»- doivent en faire autant : «Nul n’a le droit de nous dicter notre conduite en la matière.» C’est lisse. Pour le reste, ne comptez pas sur moi pour mettre de l’ambiance. Je suis un islamo-laïque invétéré et un arabo-sceptique convaincu. Et, surtout, un algéro-sceptique très militant tant que les dirigeants algériens n’arrêteront pas de s’opposer d’une manière ridicule, criminelle et fratricide à notre intégrité territoriale. Pour moi, ce Sommet est fini depuis longtemps, à moins que, pour ce qui nous concerne, Boutef devienne, tout à coup, un homme sérieux. On peut toujours attendre…

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