Société

La voleuse violée

Samira a dix-sept ans. Issue d’une famille pauvre, elle a sept frères et sœurs, tous chômeurs. Parmi ses sœurs, certaines s’adonnent à la prostitution dans les maisons closes à Khénifra. Les frères, la mère et le père ferment les yeux. Il faut bien vivre.  Pour sa part, Samira n’est jamais restée les mains croisées.  A dix ans, elle part pour Casablanca où elle travaille dans une maison. Elle s’aperçoit bientôt qu’elle est une personne sans droits et qui n’a que des devoirs et des obligations à l’égard de ses employeurs et de tous ceux qui se trouvent à l’intérieur de la maison. Elle est la première à se réveiller et la dernière à s’endormir. Elle travaille chez pas moins de six familles, surtout à Casablanca. Cinq ans plus tard, elle ne supporte plus de continuer à travailler comme «bonne». Une terrible corvée qui lui rapporte une somme dérisoire qui atterrit dans les poches des parents. Elle décide de retourner chez elle, de rester près de ses parents et ses frères et sœurs. Deux ou trois semaines plus tard, elle remarque que sa mère ne veut plus d’elle. Et Samira décide de plonger dans les affres du plus vieux métier du monde. Elle n’hésite pas une seconde à se maquiller, s’habiller et aller chez l’une des patronnes. Il est très facile pour une fille de se faire accueillir par l’une d’elles.  Samira commence à racoler les chercheurs de plaisir dans la rue. Dans le monde de la prostitution, elle apprend à boire et à se droguer. Deux années passent et Samira commence à se poser des questions: elle n’a pas épargné le moindre centime. Mais le jour où elle décide d’abandonner ce métier, elle est arrêtée lors d’une campagne d’assainissement contre les prostituées et condamnée à un mois de prison ferme. Une fois relâchée, elle commence à chercher un travail comme employée de maison. Une de ses voisines lui trouve du travail à Fès. Elle accepte et se rend dans la capitale spirituelle pour travailler chez un couple. Samira vient d’achever son deuxième mois chez ses employeurs. Quelle mouche l’a piquée en ce jour de mars, alors qu’elle est seule à la maison ? Ses employeurs sont allés rendre visite à une voisine. Elle entre dans la chambre à coucher, ouvre l’armoire et s’empare de deux bagues en or et de 1.200 dirhams en liquide. Aussitôt, elle quitte la maison de ses employeurs et prend la direction de la gare routière. Elle emprunte le car à destination de sa ville natale.  Quand elle y arrive, un jeune commence à la draguer, elle lui cède. De fil en aiguille, elle accepte de l’accompagner pour passer la nuit chez lui avant de se rendre, le lendemain, chez elle.  
Hamid, trente ans, marié, la conduit chez l’un de ses amis, Abdelilah, vingt ans. Quand elle s’aperçoit qu’Abdelilah va passer la nuit avec eux, elle se cabre et veut s’en aller. Hamid lui demande de se calmer, lui explique qu’elle ne passera la nuit qu’avec lui. Elle continue de protester devant les deux hommes. Soudain, elle reçoit une gifle de Hamid, puis une deuxième. Samira se contente de pleurer. Hamid la saisit par la main, la conduit vers la seule chambre, lui demande de boire avec eux et de cesser de pleurer. Elle refuse. Des coups de poings se sont chargés de la faire taire. Elle finit par  obtempérer et se saouler avant de se livrer à lui et à Abdelilah. Quelques heures plus tard, des éléments de la police viennent frapper à la porte. Ils ont été alertés par les voisins. Tout ce beau monde est conduit au commissariat.
D’une question à l’autre, Samira finit par avouer avoir subtilisé des bijoux et de l’argent à son employeuse. Elle a été déférée devant la justice pour vol qualifié, alors que Hamid et Abdelilah l’ont été pour viol avec violence.

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