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Bidonvilles : De l’exclusion à la terreur

"De même, nous ne saurions préserver au citoyen sa dignité qu’en lui assurant un logement décent et en accélérant la mise en oeuvre du programme national de lutte contre l’habitat insalubre et l’éradication des bidonvilles. Ceux-ci constituent, en effet, une menace pour la cohésion et l’équilibre du tissu social et une source de frustration, d’exclusion, de déviation et d’extrémisme". C’est en ces termes que Sa Majesté le Roi Mohammed VI s’était adressé aux représentants de la nation dans son discours à l’occasion de l’ouverture de la première année de la 7ème législature, le vendredi 11 octobre 2002.
Le Souverain avait alors mis l’accent sur la nécessité d’œuvrer pour le développement du secteur de l’habitat en le désignant comme l’une des quatre priorités sur lesquelles le gouvernement était appelé à se pencher d’urgence à savoir l’emploi productif, le développement économique, l’enseignement utile et l’habitat décent.
Le message Royal était clair. Le gouvernement est appelé à axer son action en matière de logement à la lutte contre l’habitat insalubre, la mise en place d’un plan d’action pour remédier au déficit enregistré par le Maroc dans ce domaine et la création de nouvelles facilités à même de permettre à toutes les tranches de la société marocaine d’accéder au logement décent.
D’ailleurs, c’est ce déficit dans la construction du logement économique qui provoque le recours à l’habitat clandestin qui se traduit généralement par le développement dans les périphéries urbaines tant des bidonvilles que des quartiers anarchiques. Le déséquilibre entre offre et demande est très grand et dépasse le taux de cinquante pour cent. Ainsi, si la demande de nouvelles unités d’habitation se situe aux environs de 184.000 logements, le Maroc n’en construit que 60 à 80 mille. Cette disproportion entre l’offre et la demande demeure très inquiétante malgré les efforts déployés dans le sens de sa réduction dont le plan des 200.000 logements que l’Etat a lancé depuis quelques années. En effet, les facilités dont le gouvernement a privilégié les promoteurs immobiliers dans le cadre de ce programme ont eu un impact fort sur la croissance en nombre d’unités de logement construites chaque année.
Malgré cela, il est à signaler que ce plan reste encore incapable de résorber le déficit existant. Cela provient essentiellement de deux raisons à savoir la difficile différentiation entre le logement économique et le logement social, d’un côté, et l’absence de l’intervention du secteur public du domaine de l’investissement dans le logement et dont le rôle se limite au contrôle et au suivi des initiatives privées.
En ce qui concerne le logement social et le logement économique, la séparation des deux notions reste encore difficile et les promoteurs immobiliers sont incapables, jusqu’à maintenant, de faire preuve de créativité en mettant sur le marché une offre de logement réellement social. Les plus grandes sociétés immobilières qui se sont spécialisées dans le secteur du logement dit économique n’ont pu développer cette notion et au lieu que leurs efforts soient axés sur la réduction du prix pour s’approcher des classes défavorisées, ils se sont plutôt dirigés vers ce qu’ils ont appelé "le logement économique amélioré". Cela a eu pour effet d’augmenter les prix qui ne sont plus adaptés à ce qui a été spécifié dans le cadre de loi instituant le programme des 200.000 logements, sans prendre en compte certains dépassements de la loi que certains promoteurs qui exigent le paiement d’une somme assez importante en noir à leurs clients.
S’agissant du rôle de l’Etat, il est nécessaire de rappeler que même en l’existence d’une volonté sincère de la part des promoteurs privés de participer à la solution du problème, ils restent incapables de résoudre le problème de certaines classes sociales qui n’ont aucune possibilité d’accéder au logement dans le cadre du secteur privé. L’exemple des habitants des bidonvilles reste très significatif à ce niveau. Car, comment peut-on espérer reloger une famille nombreuse dont le père touche à peine le SMIG dans le cadre du programme national de 200.000 logements ?
Ainsi, l’Etat est appelé à s’impliquer dans la recherche d’une solution réelle du problème du relogement des familles vivant tant dans les bidonvilles que dans certains quartiers dont les constructions sont totalement anarchiques. Cela ne peut se faire que par le biais d’une révision totale de la politique de l’habitat. Les communes, qui sont restées en marge de ce problème, doivent être appelées à s’impliquer dans cette dynamique. Aussi, la réglementation en vigueur dans le domaine de l’habitat doit faire l’objet d’une révision générale et d’une réadaptation de ses textes aux nouvelles données nationales et aux dernières innovations internationales. D’ailleurs, certains architectes revendiquent cette mise à niveau et critiquent le fait que l’Etat n’ait pas encore pris l’initiative d’adapter ses lois de façon à autoriser d’autres façons de construire, moins chères et plus pratiques, utilisées dans d’autres pays et qui ont donné de très bons résultats.
Enfin, il est à signaler que l’on ne peut avancer dans la solution de ce problème sans une véritable conjugaison d’efforts entre les secteurs privé et public et, surtout, sans un véritable esprit de créativité. 

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