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Éditorial : Casino

On dirait un chantier maudit. Plusieurs fois concédé mais jamais réalisé.  À chaque fois, on invoque des blocages administratifs  pour expliquer le retard. Résultat : cela fait plus de quinze ans que la Marina de Casablanca navigue à vue entre l’on ne sait quel récifs, réels ou supposés, sans jamais arriver à bon port. Attribué de gré à gré en 2001 par le ministère de l’Équipement dirigé alors par le PI Bouamar Taghouane au groupe Der Krikorian après en avoir dessaisi le concessionnaire initial l’entreprise Peurto loisirs qui a porté le litige devant la justice au Maroc et en France, le projet, il est vrai, est ambitieux, voire futuriste : établissements hôteliers, résidences de standing, plateaux bureaux, centre d’affaires, salles de conférence, banques-assurances, clubs nautiques, magasins de luxe, centre commercial, parking géant, espaces de verdure, lieux de promenade, promenade de front de mer et plage artificiel… Le rêve. C’est ce que les représentants de Der Krikorian, en reprenant le contrôle de l’investissement, avaient “vendu“ aux autorités marocaines. Un pôle touristique de grande envergure censé changer complètement la face de Casablanca.
Voilà qu’on apprend que le promoteur n’a pas tenu ses promesses, préférant se désengager à mi-chemin du projet au profit de la CDG. Rien de tout ce qui a été annoncé en fanfare ne verra le jour. Était-ce juste une tactique de magnifier le site et le valoriser dans l’espoir de mieux le revendre ?  Du coup, les spéculations fusent. Der Krikorian est-il sérieux ? A-t-il repris l’affaire dès le début avec le dessein de la refiler à un autre pour réaliser une plus-value ? En un mot, Der Krikorian, qui a bâti sa prospérité phénoménale sur l’industrie du jeu, est-il investisseur ou spéculateur ? En tout cas, le fait qu’il n’ait pas tenu ses engagements laisse planer des doutes sur ses intentions de départ. Tout porte à croire qu’il a, en effet, géré la Marina avec la mentalité du casino. Le Jackpot.
Bien sûr, l’ex-promoteur français s’en défend. Il crie même au scandale, affirmant qu’il a été obligé par la CDG de lui céder le projet. Ce genre de déclarations peuvent aussi faire partie du jeu. Du moment qu’on a atteint son objectif, on peut raconter ce qu’on veut.
En fait, cette histoire montre, encore une fois, le peu de sérieux de certains investisseurs étrangers qui viennent au Maroc. Ils jettent leur dévolu sur le pays pour ensuite soit se barrer après avoir roulé tout le monde soit dans le cas qui nous intéresse réaliser des opérations financières. Et pour sauver les meubles, on fait appel comme d’habitude au bras financier de l’État qu’est la CDG.
Le problème de fond vient de la course des pouvoirs publics marocains vers les capitaux étrangers. Une course aveugle qui ne permet pas de s’assurer de la sincérité et du sérieux des investisseurs extérieurs. D’ailleurs, si les responsables avaient pris la peine de savoir qui est Der Krikorian, ils auraient appris que cette enseigne traîne beaucoup de procès en France. Un simple clic sur Internet aurait suffi.

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