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«Enseigner et éduquer» pour mieux réjouir la rentrée scolaire

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Les mutations, qui touchent aujourd’hui l’économie marocaine et l’ensemble de la vie sociale du pays, incitent à revoir notre système éducatif de façon à diminuer le décalage qui s’installe entre, d’un côté, le système d’éducation et le marché de l’emploi, qui commence à montrer des signes d’inadéquation.

 

Par El moustaid Mustapha*

D’où la montée en vague du chômage, d’une part, des diplômés de certaines filières universitaires, et les pénuries de compétences dans certains segments, d’autre part. Ce qui indique, en effet, que le système d’éducation marocain ne transmet pas aux étudiants les compétences nécessaires à une insertion professionnelle réussie. Ainsi, ce même système, qui veille à inculquer les apprentissages, doit aussi éduquer. L’enseignement dont on a besoin aujourd’hui devrait être vecteur de transmission des valeurs civiques et éthiques qui cultivent une citoyenneté responsable et entretiennent le désir de contribuer au bien-être commun. Nos écoles sont appelées aujourd’hui à transmettre les valeurs de droit, de citoyenneté et de respect indispensables à la bonne intégration sociale. Pour un Maroc des compétences, l’amélioration de la performance et de la qualité des services ne pourra se faire sans l’enrichissement du capital humain et mieux le préparer pour l’avenir, condition fondamentale pour redémarrer l’ascenseur social et permettre au Royaume d’améliorer considérablement son classement mondial dans plusieurs domaines, grâce à un ancrage fort à l’économie du savoir et de la connaissance, comme le confirme le discours de Sa Majesté le Roi Mohammed VI à l’occasion de la Fête du Trône du 30 juillet 2014. «L’élément humain reste la vraie richesse du Maroc et l’une des composantes essentielles de son capital immatériel.

Nous avons appelé dans le Discours du Trône à quantifier et à valoriser ce capital, compte tenu de la place qui lui revient dans l’impulsion de tous les chantiers et de toutes les réformes et en matière d’insertion dans l’économie de la connaissance». Durant les quinze dernières années, le Royaume a pu développer les compétences et la recherche scientifique dans plusieurs domaines, ainsi que l’esprit d’innovation en encourageant la créativité et la création de la valeur. A cet égard, la Commission du nouveau modèle de développement, dans son rapport, estime que l’école marocaine doit consacrer son rôle en matière de transmission des valeurs, à travers une éducation civique et religieuse rénovée qui s’appuie sur notre histoire millénaire, la richesse et la diversité de notre culture nationale et notre attachement à une pratique de l’Islam faite de concorde et de solidarité. En développant les valeurs de citoyenneté, le sentiment d’appartenance à la collectivité nationale peut se renforcer et l’attachement aux constantes de la nation se consolider.

Par ailleurs, comment peut-on demander à nos enseignants d’enseigner un savoir à nos enfants et en même temps les éduquer ? Le programme est trop chargé et l’enseignant accorde moins d’importance au développement psychoaffectif de l’élève: l’enseignement est axé, le plus souvent, sur la quantité et non sur la qualité; d’ou l’importance de développer les activités parascolaires, ce qui va ancrer la démarche projet chez l’enfant à partir d’un âge précoce ; des enfants porteurs de projets personnels, c’est des bons citoyens de demain et la citoyenneté est un droit et des obligations; le citoyen est obligé de servir de modèle en lui accordant la possibilité de s’épanouir et être en mesure de contribuer efficacement au développement du pays grâce à un alignement et une bonne coordination vers un seul système Education/Formation, qui peine non seulement à inculquer les apprentissages, mais aussi à éduquer, c’est-à-dire développer non seulement le savoir-faire «soft skills», mais aussi le savoir-être comme le témoignait Hassan Ayadi, expert consultant, lors de son intervention à l’événement Happy Parents, organisé par le cabinet Insight Coaching en mai 2021.

«Injecter chez l’enfant des valeurs en s’inspirant des modèles, mais ne pas copier pour que l’enfant puisse construire sa propre personnalité, nourrir chez l’enfant cette passion pour apprendre à apprendre, développer chez lui la notion de flexibilité en fonction des situations ; il ne faut pas lier les récompenses aux résultats (les sanctions), il faut dissocier le résultat (il y a une différence entre dire tu es nul et tu as un 4/20), il faut célébrer les petites réussites et encourager la vitesse et non pas l’arrivée ; en adoptant la formule magique des 5 P: les plus petits pas des progrès pour que notre enfant puisse exceller dans ce qu’il fait». Selon notre expert, pour atteindre l’excellence, il ne faut pas trop protéger l’enfant. Une éducation qui formate l’enfant n’est plus possible. Il faut cultiver une éthique de responsabilité chez l’enfant ; on ne peut plus faire le choix pour nos enfants car nous sommes dans un monde qui évolue rapidement. Parmi les autres recommandations des experts ayant participé à cet événement : – Le leadership parental : il faut servir d’exemple pour nos enfants, car nous sommes des modèles pour eux, on inculque à nos enfants de belles valeurs pour les doter d’outils efficaces pour s’adapter avec l’environnement extérieur tout en gardant le contact et le dialogue entre les passions et les désirs afin de découvrir la vraie vocation de nos enfants et les orienter dans ce sens.

Car, de nos jours, l’échec scolaire des enfants est compris différemment et pendant des décennies on a pensé que l’intelligence était une fonction mentale unitaire qui décrivait notre capacité à solutionner les problèmes fondamentalement dans la zone logique-mathématique. Cependant, il y a presque trente ans, Howard Gardner, psychologue américain, a remis en question cette idée et l’a fait avec de bons arguments. Son alternative face à la conception globale d’intelligence a été la théorie des Intelligences Multiples. Cette conception comprend la compétence cognitive comme un ensemble d’habilités, de talents et de capacités mentales que l’on appelle «intelligences», et que nous possédons tous à différents niveaux de développement. Selon cette doctrine, le dossier scolaire n’est généralement pas la variable qui prédit le mieux comment une personne s’en sortira dans la vie. Triompher, par exemple, dans les affaires, ou dans le sport, cela requiert d’être intelligent, mais à chaque domaine son type d’intelligence. Autrement dit, le célèbre physicien Einstein n’est ni plus ni moins intelligent que le champion de basket-ball Michael Jordan.

Simplement, leurs intelligences appartiennent à des champs différents. De fait, pour aller dans le sens de cette théorie des intelligences multiples, il faudrait ajuster la forme d’enseignement de l’intelligence à chaque personne, de manière à ce que cette adaptation permette de mieux découvrir les talents des enfants et mieux les orienter. – Améliorer le bien-être de l’enfant : on ne peut pas être présent à nos enfants si on est pas présent à soi pour bien les connaitre, comprendre leurs objectifs et se focaliser sur ce qu’ils veulent faire; comme disait Goethe : «traitez les gens comme s’ils étaient ce qu’ils doivent être et vous les aiderez à devenir ce qu’ils sont capables d’être». -Amour inconditionnel pour l’enfant : l’enfant doit être aimé par ce qu’il est et non pas par ce qu’il fait; et donc, se synchroniser avec l’enfant pour bien détecter sa motivation primaire par des jeux qui développent l’émotionnel, le cognitif, etc.; pour bien comprendre ce qu’il ressent. -Transformer les stratégies d’apprentissage bloquantes en actions plus efficaces: Parents et enseignants sont invités à adopter des comportements qui permettent de faire progresser l’enfant en se basant sur le postulat qu’il n’y a pas d’échec mais que du feed- back, c’est-à-dire que face à d’éventuelles difficultés scolaires de leur enfant, les parents peuvent concentrer leur attention sur ce que celui-ci a déjà réussi à faire, en évitant tout jugement ou comparaison négative; chaque enfant est unique.

Par la suite, grâce à une analyse objective de la situation et un retour d’informations par rapport au résultat de leur enfant, ils l’aideront sûrement à progresser. Les questions à lui poser sont de quoi a-t-il besoin et comment agir pour changer la situation ? Permettez à votre enfant de trouver par lui-même la solution et de réfléchir sur son travail. Cette nouvelle posture permet au jeune d’accepter et de changer son regard sur l’erreur car elle devient un tremplin vers la réussite. D’autre part, votre enfant n’est pas ses notes. Une note n’évalue pas un élève mais, c’est souvent ce que les élèves comprennent implicitement. Il faut être vigilant pour ne pas entretenir cette confusion. Pour cela, au lieu du « tu es nul » vous direz plutôt « ce que tu fais est nul » la note aura un autre sens car elle renseignera sur l’efficacité d’une méthode de travail.

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