Société

Débats : La mise à niveau de l’économie nationale passe par celle de l’entreprise

© D.R

Tout le monde semble reconnaître l’échec retentissant du processus de mise à niveau de l’économie nationale, lancé depuis plusieurs années, par le Maroc. Même les hautes instances aussi bien des pouvoirs publics que du patronat l’ont ouvertement annoncé aux médias.
C’est dire, à quel point les inquiétudes aussi bien des officiels que des acteurs économiques étaient grandes pour garder pour eux seuls cet amer constat,  sachant bien que la mise à niveau de l’économie nationale passe obligatoirement par celle de l’entreprise en général et de la Petite et Moyenne Entreprise ( PME ) en particulier , d’autant plus que  celle-ci constitue aujourd’hui un chantier prioritaire du gouvernement .
S’agit-il réellement d’un courage politique que de reconnaître publiquement un échec ou simplement une façon, originale , de se soulager  du lourd fardeau d’une erreur au niveau des décisions préalables? Dans tous les cas, ce constat ne manquera pas de créer un sentiment de désespoir chez les PME et les PMI qui en sont les premières victimes.
Avec une démographie galopante (30 millions d’habitants), un chômage accru qui touche plus de 20% de la population active, un climat atmosphérique souvent aléatoire et beaucoup d’autres contraintes et handicaps socio-économiques, nous n’avons plus droit à l’erreur.
Autrement, surgira une économie souterraine qui prendra le dessus et générera des activités illicites et corrélativement des  actes de violence désastreux du genre de ceux que notre capitale économique a connus le 16 mai 2003, ce phénomène, sans précédent dans les mœurs de notre pays, qui n’a pas manqué de marquer profondément  toute la nation marocaine .
Est- ce vraiment du courage le fait de reconnaître l’échec d’une politique à laquelle ont adhéré aussi bien les pouvoirs publics que les acteurs économiques ?
Est- ce uniquement un problème maîtrisable, de concertation et de coordination entre les professionnels concernés, que nous pouvons  résoudre entre nous , ou sommes-nous vraiment dans une véritable impasse ?
Avions-nous dès le départ négocié dûment et librement avec nos partenaires euro-méditerranéens toutes les conditions d’ordre financier en prenant en considération les mesures d’accompagnement permettant à l’entreprise marocaine d’améliorer sa compétitivité sur la scène mondiale  ?
Ces mesures d’accompagnement ont –elles été sagement prises en compte pour qu’elles soient mises en œuvre à bon escient ?
S’agit-il d’une défaillance des organes opérationnels de pilotage et de suivi que nous pouvons rapidement combler ?
Les dimensions d’ordre technique, managérial, humain et financier sur lesquelles porte la mise à niveau ont –elles été toutes sérieusement considérées ?
Les différents bailleurs de fonds dans ce chantier ont –ils été suffisamment impliqués dans le cadre de la coopération technique et de la formation professionnelle ?
Les étapes de la démarche (pré-diagnostic, diagnostic et mise en œuvre) prévues par le mécanisme de mise à niveau adopté par les pouvoirs publics marocains, les représentants des entreprises et ceux de l’Union Européenne  ont-elles été scrupuleusement respectées et obéissent-elles  à une trajectoire réalisable et réaliste?
C’est à ces questions  et à bien d’autres que les initiateurs du processus de mise à niveau doivent répondre d’une manière convaincante, l’objectif étant, sinon de redonner espoir aux entreprises opérationnelles, du moins de ne pas décourager les créateurs de celles nouvellement mises en place. Ceux-ci et beaucoup d’autres qui sont encore  tentés par l’aventure exaltante  de créer leurs entreprises, dans l’espoir de leur éviter que cette aventure  ne tourne  au cauchemar.
La triste réalité qu’il ne faut surtout pas ignorer ou méconnaître, c’est qu’en 2012, terme de rigueur pour la mise en place de la zone de libre-échange euro-méditerranéenne, le Maroc ne sera  pas en mesure d’honorer ses engagements vis-à-vis des pays participants à cette  zone de libre-échange, sauf si un miracle aura lieu !
Comment nos entreprises qui accusent un retard considérable en matière de modernisation de leurs unités de production notamment dans l’agroalimentaire et le textile vont – elles exercer convenablement leurs activités économiques à l’approche de cette date avec une main-d’œuvre peu qualifiée, un système quasi- archaïque et une qualité de produits et de services médiocres ?
Il est certain que  le Maroc cherche, à travers cette opération de grande envergure, à atteindre des résultats positifs dont notamment un important flux de capitaux étrangers en matière d’investissements privés dans l’espoir de réaliser le décollage économique tant attendu devant assurer l’amélioration du niveau de vie des Marocains.
Notre pays a fait le choix de l’ouverture économique sur son environnement national et international. Il s’est même fortement engagé dans l’immense chantier de réformes nécessaires à la réussite de la transition souhaitée, une transition basée sur une  nouvelle  approche de la coopération internationale.
Ce choix nécessite  la mise en place d’une économie moderne devant être régie par de nouvelles règles du jeu  dont la confiance, la transparence et la capacité de nos acteurs économiques à changer de mode de fonctionnement et se conformer aux exigences de la mondialisation économique pour faire face à la concurrence internationale .
Ceci ne peut , bien entendu, se réaliser  qu’à des conditions favorables à même de nous permettre d’honorer nos engagements vis-à-vis de nos partenaires  par l’accélération des réformes économiques, administratives, juridiques et judiciaires pour nous débarrasser du poids du passé  et de la lourdeur, excessive, administrative.
Ce n’est qu’à ces conditions que notre pays pourra, enfin,  exploiter amplement sa position géographique, sa seule et sa vraie ressource exceptionnelle :  en face  des Etats Unis d’un côté et tout proche  de l’Europe de l’autre côté, au temps même  où s’annonce, miraculeusement,  le rapprochement avec l’Algérie, ce  qui pourra avoir, par conséquent,des répercussions  positives sur l’intégration régionale maghrébine d’une part, et  permettra, d’autre part, au Maroc   de  retrouver sa place au sein de l’Organisation de l’Unité Africaine  et assumer son rôle à l’intérieur de l’Union  du Maghreb Arabe.
En effet, les regroupements économiques régionaux comme l’UMA (Union du Maghreb Arabe) dont les économies et les ressources se complètent , revêtent de nos jours , une importance capitale sur l’échiquier économique international, tant ils contribuent non seulement au rapprochement des pays du Maghreb Arabe, mais aussi au rapprochement entre les pays du Nord et ceux du Sud et à la réalisation d’un équilibre économique équitable basé sur  l’application  des principes de la bonne gouvernance d’entreprise  devenue, à l’ère de la mondialisation, une condition fondamentale pour drainer les investissements étrangers ce qui contribuera, sans conteste, à la création des richesses et au maintien de la paix dans la région.
 

  
M’hamed Drissi
Ph.D Chercheur en économie

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