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«Nous pouvons passer d’un pays importateur à un pays exportateur de l’énergie de demain»

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Entretien avec Saïd Mouline, directeur général de l’Agence marocaine pour l’efficacité énergétique (AMEE)

Il faut se rendre à l’évidence que nous ne sommes pas seulement dans une logique de réduction des émissions mais aussi de compétitivité et ce grâce au renouvelable et à l’efficacité énergétique. D’où l’importance d’avoir un écosystème global pour faciliter l’accompagnement des filières qui se développent à ce niveau.

ALM : Où se situe le Maroc dans cette dynamique mondiale tournée vers l’économie verte ?

Said Mouline : Grâce à la vision du Royaume et à la trajectoire empruntée depuis plus de dix ans, le Maroc a montré au monde entier qu’il est un faible émetteur de gaz à effet de serre et un pays très volontaire sur le plan environnemental. Le Royaume dispose de tous les atouts pour s’ouvrir davantage à cette dynamique. Citons dans ce sens sa volonté politique, les agences dédiées mises en place ainsi que l’importante approche publique-privée.
De nouvelles orientations voient le jour dans cette sphère, notamment après l’éventuelle application de la taxe carbone aux frontières de plusieurs pays.

Quels sont les enjeux auxquels le Maroc devrait faire face pour renforcer son positionnement à ce niveau ?

Étant un pays qui exporte énormément, notre pays est dans l’obligation d’être au niveau de cette transition. Il devrait être plus volontaire pour décarboner rapidement les secteurs énergivores, notamment les industries (automobile, aéronautique, fertilisants, sidérurgie, etc.). Nous pouvons non seulement les décarboner mais en plus baisser leur facture énergétique et les rendre ainsi plus compétitifs, et ce l’instar du secteur de l’électricité qui est aujourd’hui renouvelable, décarboné et beaucoup moins cher. Il faut se rendre à l’évidence que nous ne sommes pas seulement dans une logique de réduction des émissions mais aussi de compétitivité et ce grâce au renouvelable et à l’efficacité énergétique. D’où l’importance d’avoir un écosystème global pour faciliter l’accompagnement des filières qui se développent à ce niveau.

Qu’est-ce qui est fait de concret pour atteindre cet objectif de décarbonation ?

Nous avons mis en place une war room pour aider les industriels à développer des produits nationaux dans le domaine. Le concept étant d’apporter un accompagnement foncier, financier et réglementaire à tous les acteurs pour faciliter la réalisation de projets verts. Chaque semaine, nous dressons le bilan des projets retenus. Certains sont déjà bien accompagnés et avancent à grands pas.

Avez-vous une idée sur la typologie des projets ?

Il y a de magnifiques projets qui se développent aussi bien en termes d’efficacité énergétique qu’en termes d’économie circulaire. Je citerais à titre exemple le projet développé par MAScIR qui, dans une usine pour décortiquer les crevettes, les équipes ont pu récupérer les déchets pour en faire des films alimentaires biodégradables. De même, les grignons d’olives, qui autrefois étaient une source de pollution, servent aujourd’hui de carburants pour l’usine Renault de Tanger. Chaque déchet dans l’industrie peut servir à quelque chose et être une solution pour décarboner. Je tiens à préciser que tous les projets liés à l’économie verte (énergies renouvelables, efficacité énergétique, mobilité durable et économie circulaire) sont éligibles à être accompagnés.

Est-ce que le volet réglementaire suit cette nouvelle tendance ?

Il y a des règles qu’il faut faire évoluer sur le plan réglementaire, notamment en termes de recyclage. Ce volet est en effet la clé pour tous les secteurs économiques en vue d’avoir moins d’impact négatif sur l’environnement.

Le Maroc ambitionne d’exporter de l’énergie verte. Quel est le potentiel du Royaume dans ce sens ?

Le potentiel est énorme. Nous pouvons passer d’un pays importateur à un pays exportateur de l’énergie de demain. L’énergie verte est conçue à partir de l’énergie renouvelable. C’est aussi de l’hydrogène vert. Les ambitions sont grandes dans ce sens et la faisabilité l’est aussi. Citons dans ce sens le projet Xlinks qui veut exporter directement l’électricité verte du sud du Maroc en Angleterre et c’est possible. Il existe aussi d’autres projets dans le monde qui exportent sur des distances encore plus longues, en l’occurrence de l’Australie à Singapour. Nous voyons aujourd’hui que ces projets ont non seulement un sens environnemental mais aussi économique. C’est de ce fait qu’on parle de grands projets aussi bien d’électricité verte que d’hydrogène vert. Ce dernier va être le vecteur énergétique de demain aussi bien pour la mobilité que pour la décarbonation de l’industrie et le stockage de l’énergie. C’est l’avenir ! Plusieurs pays ont injecté des sommes très importantes dans ce sens. Nous voyons déjà des trains, camions et voitures à hydrogène et même des avions à hydrogène. Le Maroc peut produire de l’hydrogène pas cher parce qu’il a un programme renouvelable, et ce grâce à la vision royale lui ayant permis d’être parmi les leaders dans le monde.

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