Société

Agir contre le séparatisme

© D.R

Il y a presque un an et demi, dans les colonnes de ce même journal, je laissais prévoir, sur un ton d’avertissement, la possibilité d’une évolution inquiétante de ce que j’appelais déjà le «phénomène Tamek» ou le «seuil de l’intolérable». Pour mémoire, je rappelle quelques phrases de cet article :  «On pourrait qualifier Tamek de terroriste politique anti-marocain sans armes à feu. Mais son arme (…) ne serait pas moins redoutable auprès d’une catégorie insuffisamment avisée de la jeunesse marocaine (…)». Et j’ajoutais en soulignant le devoir de la Justice envers une telle provocation anti-nationale : «Une faiblesse de l’Etat face au séparatisme (…) conduirait inéluctablement au pire, tôt ou tard (…) Il appartient donc aux autorités compétentes de réagir  avant qu’il ne soit un peu tard. (…) Parce que le séparatisme armé commence presque toujours par un séparatisme théorique ou conceptuel, avec une idéologie ou par mercenariat ». (Voir le journal Aujourd’hui Le Maroc N°583 du 23 février 2004, p. 9)
Les récents événements de Laâyoune ne semblent pas démentir mes prophéties. Car le fait qu’un groupe de jeunes sahraouis marocains influencés par Tamek en arrivent à soutenir publiquement les séparatistes avec des banderoles, dans la capitale même du Royaume et devant le Parlement, et le fait que leurs camarades en arrivent à brûler publiquement le drapeau national en criant pour l’indépendance du Sahara, sont autant d’actes constituant le début du «pire», franchissant davantage «le seuil de l’intolérable». Un seuil qui, rappelons-le, était déjà cristallisé par les perfides déclarations de Tamek au début de l’année 2004. Un danger grandissant à juguler, légalement, sans plus tarder. Car nous voilà devant un Tamek-bis, venant  amplifier l’événement au niveau de la tête du serpent. De Tamek tout court, l’on observe désormais le phénomène «Tamek-Dadach». Toute tolérance déplacée à ce propos s’opposerait à la détermination salvatrice de l’Etat. Détermination confirmée par la déclaration historique de S.M. Mohammed VI :  «le temps du laxisme est révolu».   
Mais c’est quoi ce «Polisario» qui voit sa voix de Tindouf et d’Alger rediffusée à Laâyoune et à Rabat par des étudiants ? Parlons-en succinctement.
Le Front « Polisario » est déclaré né le 23 mai 1973 à Zouerate (Mauritanie). Ballotté entre Nouakchott, Tripoli, Madrid et Tindouf durant quinze mois d’errance pour se fixer un dessein et des moyens d’action suffisants, c’est dans cette dernière ville où il fut contraint de se clouer depuis août 1974. À partir de cette date, ce mouvement adopta officiellement l’option séparatiste contre l’intégrité territoriale du Maroc sous la domination et la lourde pression du pouvoir politico-militaire algérien. 
Toutefois, le «Polisario» ne comprend pas que des vrais Sahraouis du Maroc, mais mêlant des éléments étrangers, hétérogènes, dont beaucoup viennent de la région subsaharienne. C’est-à-dire «un Polisario d’une autre couleur, parlant avec un autre accent, ayant d’autres us et coutumes (…) Un Polisario multiracial, multiconfessionnel»  selon la description même de feu S.M. le Roi Hassan II fournie deux semaines après la Marche Verte.  Il avait parfaitement raison.  
Alors, pour mieux préciser cette déclaration royale, un rapport secret établi en janvier 1976 par une structure maghrébine officielle compétente, issu d’une enquête exhaustive réalisée au sein des séquestrés de Tindouf, confirmera que «le Polisario est composé d’éléments cosmopolites de toutes les tribus sahariennes. Aussi bien des provinces marocaines libérées comme Tan Tan et Goulimine que des régions de Sakiet El Hamra et Oued Addahab. Se trouvent aussi dans leurs rangs des Mauritaniens, des Tajakant et des Chânba de Tindouf. Des noirs, parlant le Halpoular, le Ouolof (Sénégal) et le Soninqué, sont aussi dans leurs rangs. Ils seraient des Maliens de l’Ouest, des Sarakollés ou Traklas du Sud-Est mauritanien. Reste à signaler la majorité écrasante de ce  ramassis de gens représente des personnes qui ont été soit abusées politiquement dans leur émigration du Sahara marocain vers Lahmada algérienne, soit enlevées par des éléments liés à Alger, soit attirées et accueillies sous les tentes de Tindouf pour fuir la sécheresse, soit engagées carrément comme mercenaires au solde d’Alger.
C’est malheureusement par ces moyens honteux que le gouvernement algérien a pu placer les séparatistes sous ses bottes, entraînant dans son sillage un train de malheurs à Tindouf, avec des ressortissants sahraouis marocains séquestrés et des prisonniers de guerre maintenus depuis trois décennies,  dans des conditions de vie intenables, au mépris de la morale et du droit humanitaire international.
 D’ailleurs si le «Polisario» était un véritable mouvement de libération pourquoi n’a-t-il pas réussi à s’imposer comme interlocuteur au gouvernement espagnol pour négocier l’émancipation du Sahara, à l’instar des mouvements de libération qui l’ont précédé en Afrique et qui signèrent avec leurs anciens colonisateurs les accords d’indépendance de leurs pays ? Citons-en, à titre indicatif et non limitatif, le Mouvement populaire de libération de l’Angola (M.P.L.A.), le Front de libération du Mozambique (Frelimo) et le South West Africa People’s Organisation (SWAPO) de Namibie (ancien Sud-Ouest africain). Pourquoi M. El Ouali Ould Esseyed, premier chef  du « Polisario »  ne fut-il pas désigné en novembre 1975 comme président d’une « République sahraouie» à l’instar de ses homologues antérieurs MM. Agostinho Neto, Samora Machel et Sam Nujoma ?
Avec les trois organisations africaines précitées, l’on se trouvait devant des Fronts de libération d’obédiences idéologiques et de tendances politiques diverses certes, mais jamais « un ramassis de mercenaires aussi mâtinés et hétéroclites que le Polisario ». Pour ainsi dire, ce dernier ne ressemble à aucun mouvement de libération authentique de la planète. Ni dans la spontanéité de leur genèse et leur dynamisme historique, ni dans leur évolution et leur aboutissement final.
Et puis, en dehors de cette dialectique historique et du constat que l’on en dégage, le caractère artificiel du «Polisario» se vérifie sur d’autres plans,   même au niveau juridique de l’ONU où la question semble résister au débat en titubant dans une incohérence regrettable.
En effet, où se trouvait le « Polisario » entre novembre 1975 et novembre 1978, puisque sa naissance avait été annoncée en mai 1973 ? Car, faut-il le souligner, le nom de Front «Polisario » ne fut mentionné comme tel dans les résolutions de l’Assemblée générale qu’à partir du 13 décembre 1978 exactement.
Cette fameuse période de trois années consécutives était-elle la durée nécessaire à l’Algérie pour inciter  ses partisans de la 4ème Commission onusienne à inclure le « Polisario » dans l’affrontement politique algéro-marocain sous le titre géographique trompeur de «Sahara occidental», en remplacement du titre politique « Sahara espagnol » relatif au conflit juridique hispano-maroco-mauritanien ? 
 Quant à la R.A.S.D., proclamée le 27 février 1976 en Algérie au travers du droit et de la logique internationaux, on la voit péricliter à son tour, comme son père le « Polisario». De 75 les  Etats qui, à l’automne 1997, l’avaient reconnu (dont beaucoup de leurs gouvernants auraient reçu des chèques séduisants, des grosses liasses de dollars ou des contrats de fourniture de gaz et de pétrole à conditions privilégiées) on voit aujourd’hui la liste se réduire à moins de quarante. Car, au 13 avril  2005, «le nombre d’Etats ayant retiré leurs reconnaissances de la RASD atteignait 36 dont les derniers étaient l’Albanie, Monté-Negro et Madagascar». Une évolution rapide puisque le nombre était de 20 pays en date du 7 mars 2005. Un changement dont la courbe présage déjà du futur. Le présent trompe rarement l’avenir, ou  presque jamais.   Trêve de plaisanterie. Seules les choses sérieuses et durables transcendent le conjoncturel et la tactique, pour avoir raison du faux et de la roublardise politique. 
Finalement que reste-t-il aujourd’hui du «Polisario » ? Rien. Ou presque rien. Les hommes et les têtes pensantes sahraouis authentiques qui l’ont fondé ont pratiquement tous rejoint la mère-patrie, après avoir vu le piège dans lequel le pouvoir algérien les avait jetés. Feu El Ouali était le premier à le comprendre en reconnaissant que lui et ses camarades «avaient commis un crime contre la population sahraouie». Un aveu qu’il fit à son bras droit M. Omar El Hadrami en ce mois de juin 1976, avant de prendre la tête d’une unité de son mouvement qui attaqua Nouakchott. Comme un message-testament, ou un mea-culpa ultime qu’il tenait de faire avant de quitter ce monde. Ses principaux co-équipiers, les plus sages, l’approuveront en regagnant la mère-patrie depuis des années. 
Que reste-t-il aujourd’hui du «Polisario» ? Rien. Ou presque rien. Sauf des semblants de «dirigeants» ne pouvant fuir Tindouf ou forcés d’y rester. «Dirigeants» malgré eux, ombres de leurs propres squelettes politiques, n’arrivant même pas à se conduire eux-mêmes. Campés sur un territoire étranger où ne se bâtira jamais leur avenir, ils demeureront exploités à des fins contraires à celles pour lesquelles ils avaient quitté leur pays d’origine : le Maroc. Privés de liberté, le resteront-ils aussi longtemps que dureront leur égarement politique, leur chimère  et leur soumission à l’adversaire.
Le «Polisario» ainsi défini dans la réalité, comment pourrait-il se prolonger et s’étendre dans notre pays, à la faveur de quelques affidés, dont un certain Tamek semble avoir constitué la tête apparente depuis bientôt deux ans ?
Une telle ambition que nourrissent ces mercenaires est donc inacceptable à tous les égards.
Il est inconcevable de laisser fleurir à l’intérieur du pays une mouvance séparatiste au moment où les racines auxquelles elle déclare s’attacher ont commencé à se flétrir à l’extérieur.
Sans passé ni authenticité, mal semé et corrompu au départ, «le soi-disant Polisario n’est autre chose qu’un objet de l’Algérie»  comme le voyait déjà feu S.M. Hassan II dès 1976. C’est-à-dire un virus à combattre à tous les niveaux. Par conséquent, la décomposition progressive de sa base à Tindouf ne saurait permettre sa renaissance délocalisée à Laâyoune, par un étrange rameau qui prétend en découler.

Par Dr. Issa Babana El Alaoui
  Politologue

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