Le taux a été précisé dans un webinaire initié par OCP
Des données d’Eurostat 2016 indiquent que 29% des exploitations européennes sont dirigées par des femmes mais que ce chiffre traduit de grandes disparités entre les Etats membres.
Les agricultrices en Afrique subsaharienne produisent jusqu’à 80% des denrées alimentaires destinées à la consommation des ménages et à la vente sur les marchés locaux. Le chiffre précisé, mardi lors du webinaire «Les femmes agricultrices : regards croisés entre l’Europe et l’Afrique» initié par OCP, est éloquent à bien des égards. Il illustre parfaitement l’importance de l’agricultrice pour le quotidien de tous au-delà de toute célébration lors du 8 mars. L’occasion, lors de ce webinaire, d’avancer également d’autres chiffres dans les deux continents.
Ces taux de 60 à 80%, ressortant d’un rapport de la Banque mondiale, sont enregistrés au Nigeria où ce sont généralement les hommes qui prennent les décisions importantes concernant la gestion des exploitations. Quant à la France, les femmes n’y représentent que 27% des chefs d’exploitations agricoles. De plus, des données d’Eurostat 2016 indiquent que 29% des exploitations européennes sont dirigées par des femmes mais que ce chiffre traduit de grandes disparités entre les Etats membres. En Lituanie et en Lettonie, les femmes directrices d’exploitation sont plus nombreuses (45% des fermes). Elles sont, a contrario, moins représentatives à Malte, en Allemagne, en Danemark et aux Pays-Bas, où elles ne dirigent que 10% des exploitations. Cela est dû, selon Eurostat, au gap générationnel. Seulement 4,2% des femmes dirigeantes de fermes agricoles en Europe sont âgées de moins de 35 ans et plus de 42% ont plus de 65 ans. Ces données soulignent un problème d’attractivité de la profession pour les jeunes femmes en Europe.
Credo d’agricultrices africaines et européennes
Cet événement en ligne est aussi l’opportunité pour des agricultrices africaines et européennes de livrer des témoignages sincères sur leurs expériences. Du côté africain, l’événement est marqué par la participation de Sana Wony Tiéminta, présidente de la coopérative «Femmes en actions» au Mali. Une structure créée, tel qu’elle l’indique, pour «pallier les problèmes de ressources agricoles et d’accès aux terres pour les femmes». A propos de cet accès, elle estime que la solution et la question résident à la fois dans «l’applicabilité des lois». Elle ne manque pas de donner l’exemple des crédits agricoles accordés aux hommes. Tel qu’elle le ressort, 90% des crédits sont alloués aux hommes. Quant à Alimata Coulibaly, directrice de l’entreprise les «Précuits» en Côte d’Ivoire, elle établit une comparaison entre les femmes agricultrices et transformatrices. A ce propos, elle estime qu’il existe un «grand écart». A elles seules, les transformatrices sont plus «instruites» par rapport aux premières. Du côté européen, Martine Peytavin, cogérante d’un groupement agricole d’exploitation en commun dans l’Hexagone, révèle: «Mon parcours n’a pas été perturbé parce que je suis femme », tout en mettant en avant les avantages de la mécanisation et l’informatisation. En termes d’intégration également, elle trouve qu’il n’existe «pas de soucis». «Les machos, il y en a toujours. Mais cela ne m’a pas perturbée», enchaîne-t-elle. De son côté, Murielle Penon, exploitante agricole française et porte-parole des «Elles de la Coop», défend un concept. «L’idée est d’essayer d’ouvrir de nouveaux horizons et faire comprendre l’intérêt de la différence dans l’instance statutaire agricole», explicite-t-elle. Le tout en rappelant la proposition de formations aux femmes pour prendre confiance en elles. «Nous nous adressons aussi aux hommes», avance-t-elle en défendant toujours l’intérêt de la mixité.
[box type= »custom » bg= »#fddeef » radius= »5″]Les solutions selon un expert
Egalement de la partie, l’économiste Pierre Jacquemot propose trois solutions. Il s’agit, tel qu’il le précise, de «l’information sur les droits des femmes». Un point, pour lui, à «améliorer». Dans ce sens, il n’hésite pas à donner l’exemple du Sénégal où un dispositif d’information est déployé pour la femme rurale. Quant à la deuxième solution, elle consiste, à son sens, à «contourner la difficulté du foncier». A ce propos, il fournit l’expérience du Ghana qui a recours au «quotient solidaire», notamment en octroi de crédits. La troisième solution étant, à ses yeux, «l’organisation en coopératives et la création de groupements féminins pour contourner la rigidité du système traditionnel». Cela étant, le webinaire était l’occasion de présenter le témoignage de Onyinye Unachukwu, Digital & Business Development Analyst à OCP Africa Nigeria, sur le programme «Women in Agribooster». Dans sa capsule, l’intervenante met en avant «l’accès, y compris des femmes» à des intrants de qualité.
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