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Le HCP révèle ses pronostics : Une inflation de 0,8% en 2023

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«La hausse générale des prix devrait affecter nettement l’offre et la demande, ce qui devrait peser lourdement sur le pouvoir d’achat des ménages et sur le budget de l’État. Ainsi, les prévisions établies dans le cadre du budget économique prévisionnel de janvier dernier devraient être revues à la baisse».

Au-delà de la croissance économique du PIB qui, tel que le prévoit jeudi le Haut-commissariat au Plan (HCP) à Rabat, est fixée à 1,3% en 2022 et 3,7% en 2023, l’inflation est estimée à 4,9% en cette année et 0,8% l’an prochain. Quant à la valeur ajoutée non agricole, elle s’établit à 3,5% (2022) et 2,9% (2023). De son côté, la valeur ajoutée primaire est de l’ordre de -13,5% et 11,8% en 2022 et 2023 respectivement.

Un déficit budgétaire de -5,4% et -5,5%

A propos du déficit budgétaire, cette structure précise qu’il se chiffre à -5,4% en 2022 et -5,5% en 2023. Le déficit commercial, lui, est à -17,9% en cette année pour s’établir à -17,5% l’année prochaine. Cependant, le besoin de financement est estimé à 4,7% pour l’année en cours et -4,4% dans celle d’après, au moment où le taux d’endettement global est fixé à 83,3% en 2022 et 83,6% en 2023. Tel que le détaille le HCP, ces prévisions sont sous-tendues par un ensemble d’hypothèses relatives à l’évolution des facteurs exogènes régissant l’économie marocaine aussi bien sur le plan national qu’international. Pour 2023, les prévisions sont, comme l’avance cette structure, basées sur l’hypothèse d’une production céréalière moyenne durant la campagne agricole 2022-2023 et la reconduction de la politique budgétaire en vigueur en 2022.

Les commentaires de Lahlimi

«L’économie nationale, affaiblie par la crise sanitaire et pâtissant d’un secteur agricole en berne, devrait subir en 2022 les effets de cet environnement mondial défavorable via notamment la décélération de la demande extérieure et la montée de l’inflation», précise le haut-commissaire au Plan, Ahmed Lahlimi Alami, lors de la présentation de ces prévisions en donnant la qualification d’ «inédit» à ce contexte «qui sera déterminant pour les économies». Le tout en ressortant une radioscopie de la situation économique de par le monde avant d’en dresser l’impact sur le pays. «La hausse générale des prix devrait affecter nettement l’offre et la demande, ce qui devrait peser lourdement sur le pouvoir d’achat des ménages et sur le budget de l’État. Ainsi, les prévisions établies dans le cadre du budget économique prévisionnel de janvier dernier devraient être revues à la baisse», prévoit-il également à propos de l’économie nationale. Pour lui, le secteur agricole devrait peser négativement sur l’activité économique suite à la sécheresse subie durant la campagne agricole 2021-2022, induisant ainsi une baisse significative de la production des céréales. Cependant, le niveau des précipitations enregistré aux mois de mars et d’avril a contribué à l’atténuation de la baisse de la production céréalière. Celle-ci est estimée à 32 MQx, en recul de 69% par rapport à la campagne précédente.

Du BTP, du chômage et du pouvoir d’achat…

Entre autres secteurs, celui du BTP devrait connaître un fort ralentissement de son activité, à 1,3% en 2022. Le HCP en explique la raison par la faible dynamique de l’offre et de la demande des biens immobiliers et de l’absence de nouvelles mesures fiscales incitatives. De plus, le renchérissement exceptionnel des prix des matériaux de construction devrait démotiver les promoteurs immobiliers en limitant leurs marges bénéficiaires, au moment où la demande en logement devrait être affectée par l’affaiblissement du pouvoir d’achat. Toutefois, les projets d’infrastructure mis en œuvre par l’État devraient, comme le tempère la même structure, compenser en partie le tassement de l’activité du bâtiment. «Au total, l’activité économique nationale devrait enregistrer une valeur ajoutée globale en hausse de 1,2% en 2022 au lieu de 7,8% en 2021», poursuit entre-temps le haut-commissariat. A propos du marché du travail, cette structure estime qu’il serait marqué «par une baisse du taux d’activité de 0,9% après une hausse de 1,1% en 2021». «Ainsi, et tenant compte d’une baisse prévisible de la création nette d’emploi, le taux de chômage au niveau national devrait connaître une quasi-stagnation à 12,2% en 2022», ajoute-t-il. Quant à la demande intérieure, elle devrait enregistrer un ralentissement de l’ordre de 1,3% en 2022, entravée par la décélération prévue de la consommation des ménages à 1,6% qui ne contribuerait que de 0,9 point à la croissance en 2022, au lieu de 4,8 points en 2021. Cette situation s’explique par le fléchissement des revenus, notamment agricoles, et par la baisse des transferts des MRE, après leur fort accroissement deux années auparavant. «A cela s’ajoute la flambée des prix des matières énergétiques qui engendre la hausse des cours d’autres produits de base. Cette situation devrait entraîner une baisse du pouvoir d’achat des ménages de 1,5% en 2022 au lieu d’une croissance moyenne de 1,1% entre 2015 et 2019», enchaîne M. Lahlimi. Et ce n’est pas tout ! La demande intérieure devrait s’accroître de 3,3% en 2023 au lieu de 1,3% prévu en 2022, contribuant ainsi de près de 3,6 points à la croissance du PIB au lieu de 1,5 point en 2022. Cette hausse s’explique par l’accroissement prévu de la consommation des ménages de 2,4% en 2023, profitant de l’amélioration des revenus, portant sa contribution à la croissance économique de 1,4 point au lieu de 0,9 point en 2022.

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Quelques recommandations

Tel que le recommande le HCP et son responsable, le Maroc devrait renforcer ses efforts dans le cadre de son engagement à atteindre les objectifs du développement durable, qui constituent un axe majeur du nouveau modèle de développement, notamment en matière de lutte contre les changements climatiques et leurs répercussions. Ceci devrait passer notamment par la favorisation des cultures résilientes et celles qui garantissent la sécurité alimentaire tout en préservant les ressources hydriques. De par les circonstances actuelles, la consolidation des bases d’une souveraineté alimentaire s’impose aujourd’hui plus que jamais afin de subvenir aux besoins alimentaires les plus fondamentaux et d’éviter les séquelles d’une éventuelle crise. Ainsi, un système de gouvernance intégrée et efficace et une approche transversale s’avèrent indispensables pour faire face aux défis actuels. Par la même occasion, M. Lahlimi n’hésite pas à recommander de «faire prévaloir la solidarité». Judicieux.

 

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