Encouragé par le niveau plus que confortable du matelas de devises
«Les avoirs officiels de réserve permettraient, en intégrant notamment les prévisions du financement extérieur du Trésor, une couverture autour de 6 mois d’importations de biens et services».
Sortira, sortira pas ? C’est le question qui taraude les observateurs et analystes financiers et économiques concernant une potentielle sortie du Maroc sur le marché international. En effet, une précédente émission obligataire de 1,5 milliard de dollars arrive à échéance en décembre prochain. Si la sortie sur le marché international reste possible, une autre alternative se présente au pays offrant plusieurs avantages. Ainsi, le Trésor pourrait recourir aux réserves de change pour les besoins de son financement extérieur. Un scénario est déjà prêt dans ce sens. La banque centrale vient en effet d’intégrer, dans ce qui ressemble à une première, les prévisions du financement extérieur du Trésor dans ses calculs relatifs aux avoirs extérieurs du pays. Des calculs qui estiment très faible d’ailleurs l’impact d’un recours du Trésor sur le matelas de devises du Royaume.
«Les avoirs officiels de réserve permettraient, en intégrant notamment les prévisions du financement extérieur du Trésor, une couverture autour de 6 mois d’importations de biens et services», apprend-on auprès de la banque centrale. La période de vacances en cours avec des recettes touristiques en devises relativement importantes en plus du bon comportement des exportations marocaines vers l’étranger offriront une garantie supplémentaire pour les autorités compétentes concernant les réserves de change qui vont continuer à assurer une couverture confortable des importations à très court et moyen terme. Cette option devient donc une sérieuse alternative d’autant plus qu’une sortie sur le marché international n’offre plus les mêmes conditions de financement pour le pays dans un contexte marqué par la hausse des taux sur le marché mondial.
LPL
C’est ce qu’avait révélé le wali de Bank Al-Maghrib à l’issue du dernier conseil d’administration de la banque centrale. «Si le Maroc décide, et c’est prévu par la loi de Finances, d’effectuer une sortie sur le marché international, ces resserrements (ndlr: hausse des taux prévue par la FED américaine et la BCE européenne) vont impacter les conditions auxquelles le Trésor va emprunter sur le marché international et alourdissent à la fois les charges de la dette et les équilibres budgétaires», avait expliqué Abdellatif Jouahri. Tout en rappelant que la ligne de précaution et de liquidité (LPL) à disposition du Maroc n’a pas encore été utilisée, le numéro un de Bank Al-Maghrib avait précisé que ni les statuts de BAM ni ceux du FMI ne contiennent d’opposition à une potentielle utilisation. Si le Maroc avait décidé de rembourser fin 2020 pratiquement un milliard de dollars par anticipation au FMI (Fonds monétaire international), deux autres milliards de dollars au titre de la même LPL n’ont pas encore été utilisés depuis cette date sachant que le remboursement de cette ligne doit démarrer en 2023. En effet, la période de grâce prévue dans l’accord entre le Maroc et l’institution de Bretton Woods expire bientôt pour le démarrage du remboursement. Ce sont là des raisons supplémentaires qui pourraient encourager les responsables du Trésor à recourir aux réserves de change disponibles chez la banque centrale. Pour rappel, le montant de la LPL avait été mis à la disposition de BAM en 2020 (voir encadré).
Marché international
Il y a quelques semaines, l’agence américaine spécialisée dans l’information financière, Bloomberg, avait annoncé un probable retour du Maroc sur le marché international à un moment où une précédente obligation de 1,5 milliard de dollars arrivera à échéance en décembre. Pour la même source, cette sortie qui reste à confirmer pourra être la première émission du Royaume à l’étranger depuis 2020. L’agence avait affirmé que les autorités n’avaient pas encore décidé de la taille ou de l’échéance de l’émission, bien qu’elles puissent lever jusqu’à 25 milliards de dirhams (2,5 milliards de dollars) auprès des créanciers bilatéraux et des institutions internationales de développement d’ici la fin de l’année. Cependant, l’Agence a précisé que le Maroc pourrait s’en passer si les marchés continuaient d’exiger des rendements élevés.
[box type= »custom » bg= »#fddeef » radius= »5″]Tirage
Le Maroc avait procédé en avril 2020 à un tirage sur la ligne de précaution et de liquidité (LPL) pour un montant équivalent à près de 3 milliards de dollars, remboursable sur une période de 5 ans, avec une période de grâce de 3 ans. La mobilisation de cette facilité intervient dans le cadre de l’accord au titre de la LPL conclu avec le FMI en 2012 et renouvelé pour la 3ème fois en décembre 2018, pour une période de deux ans, avec l’intention de l’utiliser comme assurance contre les chocs extrêmes. Le tirage sur cette ligne de liquidité sera mis à la disposition de Bank Al-Maghrib et affecté essentiellement au financement de la balance des paiements. «De ce fait, il ne sera pas utilisé pour financer le budget et n’impacte pas la dette publique, ce qui constitue une première dans nos transactions financières avec le FMI», avaient alors expliqué les responsables.
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