Dans son nouveau roman
A voir l’intitulé en darija du nouveau roman «Trabhou O Tsaadou» (Que la joie et la gloire vous accompagnent), l’on peut avoir l’impression que cette œuvre, en arabe classique, est un appel au bonheur. Cependant il en est autrement dans l’intrigue. Tel que le détaille son auteur marocain, Mohammed El Mokhtar Chraiki, «c’est un roman qui relate scrupuleusement la coexistence, la tolérance et l’interaction entre les sectes de la société marocaine (juifs et musulmans) à travers l’histoire itinérante de deux familles musulmane et juive qui se déroule dans la ville d’Abu Al-Jaad (Bejaâd)».
Révéler l’héritage culturel commun
Ainsi, cette publication retrace, comme l’avance son écrivain, l’héritage commun entre ces deux communautés et la grande contribution de la communauté juive à l’enrichissement culturel et artistique de la société marocaine. Le tout sur fond d’un style narratif qui, tel que l’évoque le romancier, «faisait écouter aux personnages les chansons des chanteurs juifs». Dans ce sens, il énumère le plus éminent parmi ces chanteurs juifs. «Cet artiste n’est autre que le grand Albert Suissa, à qui le roman a rendu justice en mettant en exergue le rôle essentiel qu’il a joué dans la production de pièces magnifiquement lyriques», poursuit M. Chraiki. Il mentionne également des chanteurs musulmans, notamment le plus réputé, Abdelhadi Belkhayat et sa chanson patriotique qui chante le Sahara marocain «Ya Eid Sahra». «Cette chanson est chantée par Mme Rachel, un des personnages du roman, le soir de la célébration de la Marche Verte par la famille juive, qui a commencé par le discours royal, puis une soirée avec les voisins musulmans», ajoute M. Chraiki. Et ce n’est pas tout !
Raconter la bienveillance royale
Le roman raconte la bienveillance de SM le Roi Mohammed VI à l’égard des citoyens juifs en ouvrant le pays à la communauté résidant dans tous les pays du monde. «Sa Majesté a également donné ses augustes recommandations pour préserver l’identité juive», enchaîne l’auteur en rappelant des démarches similaires par les Rois et Sultans du Maroc, notamment feus Mohammed V et Hassan II, le Sultan Salomon et surtout le Sultan Muhammad ben Abdullah, qui a réuni des commerçants et des artisans juifs dans la ville d’Essaouira pour en faire une ville d’échanges commerciaux. «Après avoir visité le Mellah d’Essaouira et les ruelles et surtout après la visite de la synagogue Haim Pinto, le rabbin et le juge juste, Mme Rachel a raconté l’histoire les larmes aux yeux à cause de son amour pour lui», relate le romancier.
Au cœur des fêtes juives
L’œuvre parle également de la religion juive que les Marocains ont connue comme Hanukkah, Chavouot ainsi que Pessa’h, la nuit d’Hesider, le récit de la sortie d’Egypte (haggadah) et le jeu de recherche «Afikomane». «Or, il est impossible de parler de Pessa’h sans parler de Mimouna, la fête durant laquelle le personnage Ismail prononcera un discours de bienvenue à la communauté juive, répétant inlassablement les mots «Trabhou o tsaadou» », poursuit l’écrivain dont le récit aborde également la question de l’extrémisme religieux. Le tout en corrigeant, entre autres, le point de vue de la société sur les femmes voire en signifiant que l’essence même de l’existence est de profiter de cette vie sur fond d’amour et coexistence. «Sans oublier l’amour incarné par Salah El-Din et Esther dans une histoire innocente qui insuffle un appel à la paix», conclut l’auteur.