«Nous ne marchandons pas, nous négocions».
Cette boutade, prononcée par le ministre Younes Sekkouri dans la foulée de l’ouverture d’un nouveau round du dialogue social, résume et explique à la fois les déterminants d’un vrai dialogue social qui soit constructif, responsable et durable. C’est que la technique du donnant-donnant est foncièrement différente d’une démarche gagnant- gagnant. La première s’inscrit naturellement dans le très court terme avec un contenu contextuel, pour ne pas dire éphémère.
Donner est alors synonyme de concéder dans une logique étroite de petits arrangements. La seconde, en revanche, a pour philosophie fondatrice l’amélioration et la construction collective dans la durée. Quand un des partenaires, l’État par exemple, commence par faire le premier pas en donnant une suite positive à une ou plusieurs demandes, cela est plus un gage de bonne volonté qu’une concession temporelle ou de l’ordre du marchandage tactique.
Et pour avoir pratiqué l’exercice depuis plusieurs années avec d’autres gouvernements, les ténors des syndicats ont visiblement et très tôt saisi la différence de postures entre aujourd’hui et hier. Ils l’ont démontré en s’inscrivant eux aussi dans la même philosophie et en ne cherchant pas, comme dans le passé, à arracher ici et maintenant tout ce qu’ils peuvent car rien ne leur garantit qu’ils en auront l’opportunité plus tard. Les syndicats savent désormais que le dialogue social est un processus installé, durable, avec un agenda précis et programmé et que, in fine, ils ont le temps pour bien négocier.
