Bien qu’il soit maghrébin, le Festival du film d’Oujda, dont la 11ème édition se poursuit jusqu’au 12 octobre sous le Haut patronage royal, tient à s’ouvrir sur d’autres cinémas.
Un attachement que cette manifestation, initiée par l’association Cinémaghreb, exprime cette année par l’hommage rendu, entre autres, au septième art du Sénégal. Et ce pays le rend bien au Royaume. De quoi faire l’un des moments forts de cet événement. «Nous Sénégalais, nous avons une âme marocaine. C’est Dieu qui a donné au Maroc ce qu’il faut», s’exprime, samedi en ouverture de cette grand-messe, le réalisateur Moussa Touré lors de l’honneur fait à ses œuvres, notamment «La pirogue». Le cinéaste, qui ne manque pas également de s’exprimer sur l’amour des Sénégalais pour notre pays, continue sur sa lancée en présence de sa compatriote, l’actrice Seyni Diop, alias Zeyna. «Vous avez tout ce qu’il faut. Vous avez le plus beau pays que je connaise», ajoute-t-il à l’adresse du public présent tout en mettant en avant les relations chaleureuses entre les deux pays.
Des rapports étroits, non seulement avec cet Etat subsaharien mais aussi d’autres, que le président du festival, Khalid Sli, vante ouvertement. Tel qu’il le révèle, cette festivité se veut de «contribuer à l’animation de la scène artistique maghrébine et garder les ponts, l’amour et la fraternité entre les peuples voire d’ancrer les valeurs de bon voisinage». L’orateur, qui s’exprime dans une langue poétique lors de la cérémonie de lancement, n’hésite pas à se projeter dans le futur. «Après deux éditions digitales réussies, notre rencontre est de retour pour aspirer à un rêve heureux et un beau lendemain», avance-t-il en rappelant le Haut patronage royal accordé depuis la 4ème édition. Le tout en s’attachant à sa vision. «Nous allons vers une deuxième décennie. Nous continuerons le militantisme culturel et esthétique pour démocratiser l’accès au cinéma et à l’art en veillant à développer l’industrie cinématographique tout en la célébrant au Maroc et ailleurs», poursuit-il. De même, il n’hésite pas à louer les particularités de la ville d’Oujda, ainsi que le grand intérêt d’autres partenaires de taille dont notamment le wali de la région de l’Oriental, Mouad El Jamai, également artiste dans l’âme pour le festival.
A cette occasion, le responsable local, qui s’est vu réserver la belle surprise d’un hommage, abonde dans le même sens. «Nous devons passer lors de la prochaine tranche de dix ans à la mondialisation et devenir un festival international», estime-t-il en se félicitant du fait que ce rendez-vous cinématographique coïncide avec la fête d’Al Mawlid. Pour lui, les meilleurs rituels au Maroc, à l’occasion de cette fête, sont dans la capitale de l’Oriental. De même, il saisit son passage pour remonter le temps. «Il y a quatre ans j’ai proposé aux réalisateurs de venir à la région. Hassan Benjelloun et d’autres nous ont contactés. Mais Rachid El Ouali a été rapide et nous a fait un film dont une partie est tournée entre Jrada et Figuig, qui est une ville lumineuse», rappelle le wali. D’ailleurs, le long-métrage «Coup de tampon» de ce réalisateur est en compétition officielle aux côtés d’autres. Ainsi, parmi les 7 films programmés dont «Al Barouny» (Libye) marqué par la participation de l’acteur marocain Rabie El Kati, 3 sont projetés en avant-première. Quant à la compétition officielle des courts-métrages, elle comprend 12 productions qui font la première expérience pour quelque 5 à 6 jeunes réalisateurs. La projection, dimanche, de certaines de ses œuvres laisse voir un bon niveau de créativité. C’est le cas du court-métrage d’animation algérien «Bridge».
Et pour clôturer la cérémonie d’ouverture en beauté, les hommages se sont enchaînés. Après l’honneur fait à la star égyptienne Medhat El Adl, le moment le plus marquant étant celui donné à l’éminent réalisateur marocain et un des fondateurs de «Jil jilala», Hamid Zoughi, qui s’incline devant le public deux fois après sa montée sur la scène. Un mouvement qu’il fait malgré son appui sur une canne de par sa maladie. Le cinéaste honoré, qui s’affiche également dans «Coup de tampon», laisse libre cours à ses sentiments. «Je remercie l’association Cinémaghreb et les autorités locales pour l’occasion unique de mon hommage à l’âge de 80 ans à Oujda, qui restera gravée dans ma mémoire et mon cœur », exalte-t-il. Des propos qu’il ponctue par une lueur. «J’espère que vous continuerez à encourager la culture et l’art, c’est notre délivrance», caresse clairement M. Zoughi.