Ancien ambassadeur du Maroc à l’ONU
Le 27 octobre 2022, le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté la résolution 2654 (2022) sur la question du Sahara par 13 voix pour et deux abstentions. «La nouvelle résolution a reconduit la plupart des paramètres de la solution politique et introduit des ajustements destinés à tenir compte des derniers développements et à mettre les parties sous pression pour les inciter à s’engager plus en avant dans le processus de recherche d’une solution politique à ce différend», explique Mohammed Loulichki, ancien ambassadeur du Maroc aux Nations Unies, dans un Policy Brief récemment publié par Policy Center for the New South.
Dans ce document l’ancien ambassadeur du Maroc aux Nations Unies explique de manière précise l’impact de cette résolution. Il analyse les constances de la solution politique ainsi que les ajustements intégrés dans cette nouvelle résolution. Ce Policy Brief se focalise également sur les attentes des différentes parties (Algérie, Polisario, Maroc et Mauritanie) ainsi que les étapes de préparation et l’adoption de ladite résolution. «La reprise, par la nouvelle résolution, de l’essentiel de sa précédente, s’explique par le souci du Conseil d’éviter une rupture ou une interruption du processus de médiation et d’assurer un minimum d’adhésion des parties aux efforts de l’envoyé personnel du secrétaire général. Cette continuité s’explique par le fait que le langage des résolutions du Conseil sur la question du Sahara est le résultat d’une accumulation de compromis politiques et juridiques patiemment construits depuis 2001, date de la renonciation par le Conseil au plan de règlement de 1990 comme cadre de référence pour la solution de cette question. Ces éléments ont été acceptés par toutes les parties et cautionnés par le Conseil et par l’Assemblée générale des Nations Unies», relève Mohammed Loulichki.
En effet, la résolution met l’accent sur la solution politique recherchée. Elle indique dans son paragraphe 2 «qu’il convient de parvenir à une solution politique réaliste, pragmatique, durable et mutuellement acceptable à la question du Sahara occidental, qui repose sur le compromis, et qu’il importe d’adapter l’action stratégique de la Minurso et d’affecter les ressources des Nations Unies à cette fin». Pour ce qui est de la relance du processus de négociation, l’ancien ambassadeur du Maroc aux Nations Unies rappelle que le Conseil a exprimé dans le préambule de la résolution «son plein appui au nouvel envoyé personnel et à ses efforts pour faire avancer le processus politique, sur la base des progrès accomplis par l’ancien envoyé personnel et conformément aux précédents pertinents» et «se félicite de l’élan impulsé par la première table ronde, tenue les 5 et 6 décembre 2018, et la deuxième table ronde, tenue les 21 et 22 mars 2019, et du fait que le Maroc, le Front Polisario, l’Algérie et la Mauritanie soient engagés, d’une manière sérieuse et respectueuse, dans le processus politique initié par l’Organisation des Nations Unies afin de trouver des terrains d’entente». Parallèlement, la résolution invite le nouvel envoyé personnel à reprendre là où son prédécesseur s’est arrêté et à consolider les acquis de ses prédécesseurs, à commencer par la reprise des tables rondes. Mohammed Loulichki s’arrête aussi sur les obstacles auxquels la Minurso fait face dans l’exercice de ses missions et que le rapport du secrétaire général impute explicitement au Polisario, à la suite de sa décision de rompre le cessez-le-feu.
Il explique que «la nouvelle résolution appelle à la reprise sans délai d’un approvisionnement sûr et régulier des sites des équipes de la Minurso, situés à l’Est de la berme». Il cite ledit rapport notant que ces restrictions ont eu «des effets négatifs sur l’état de fonctionnement et le cycle de vie des équipements, ainsi que sur le moral et la santé du personnel de la Minurso sur les sites et, si elles ne sont pas supprimées, elles risquent de rendre ces sites insoutenables». Concernant le volet humanitaire, la résolution 2654 emploie une nouvelle formulation. Celle-ci encourage, selon l’expert, «les donateurs à fournir des fonds supplémentaires et les agences d’aide à faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire».
A noter que cette décision du Conseil de sécurité a été accueillie avec satisfaction par Rabat alors que le Polisario s’est limité à en prendre note tout en exprimant ses griefs à l’encontre du Conseil et de certains de ses membres. Pour sa part, la réaction de l’Algérie est intervenue en deux temps. «Le 27 octobre, l’agence officielle APS a publié une simple information sous le titre «Sahara occidental : le mandat de la Minurso prorogé d’une année».
«Le 29 octobre, le ministère des affaires étrangères a rendu public un communiqué très élaboré dans la lignée des dernières prises de position de ce pays», rappelle ladite analyse.