Rencontré en marge du Festival international du film de Marrakech, Mohamed El Hassan Chaoui détaille les contours de sa nouvelle production du film «La marchandise». L’occasion d’interroger le producteur, également homme d’affaires, sur son option pour le cinéma.
ALM : Vous venez de produire le nouveau long-métrage «Esselâa» (La marchandise) qui sera projeté en avant-première ce lundi soir à Casablanca. Pourriez-vous nous en donner un avant-goût ?
Mohamed El Hassan Chaoui : Déjà, l’histoire est un peu spéciale et d’actualité. Elle parle des immigrés qui viennent de l’Afrique subsaharienne et veulent, dans leur tête, traverser des terres et certains pays pour arriver à l’Eldorado en Europe. Mais leur surprise est grande après les souffrances qu’ils vivent dans leur pays puisqu’ils sont confrontés à des trafiquants. Ces immigrés tombent entre les mains de ceux-ci. Il s’agit de trafiquants d’êtres humains qui interceptent ces migrants pour prendre leurs organes. Il y en a ceux qui vivent et d’autres qui décèdent. Le plus grand message c’est qu’en plus de la migration vers d’autres pays contre laquelle nous voulons lutter, il y a un autre phénomène. Ces immigrés deviennent une marchandise, exposée à la vente dans un pays tiers.
Qu’en est-il de vos attentes en termes de fréquentation des salles pour ce film ?
Nous avons prévu une bonne audience et visite de salles parce que c’est un sujet qui est très important. Donc nous invitons le public à venir voir ce film puisqu’il est vraiment d’actualité. C’est aussi un film destiné à toutes les populations, aux Africains, aux Sud-Américains, à tout le monde et toute personne exposée à ce risque de migration à cause de certains problèmes socio-économiques.
Vous avez produit des films comiques comme «Lferrouj» (Le coq) alors que « La marchandise» ne l’est pas. Veuillez bien nous expliquer ces variations dans votre parcours…
Il est vrai que j’ai fait des films comiques. Ce nouveau film est, en fait, un drame social, il est complètement différent. En tout, j’ai dans ma cinégraphie six longs-métrages. Deux sont en préparation. Trois sont autoproduits et trois sont financés par le fonds d’aide avec l’apport du producteur. Pour revenir à «Lferrouj», c’était une comédie. Nous avons fait aussi «Massoud, Saida et Saadane», qui est également dans le même registre. Nous avons fait «Hala Madrid, Visca Barça» d’Abdellilah Eljaouhary qui est plutôt un film sur l’hypocrisie sociale. Mais «La marchandise» n’est pas du tout comique c’est comme le cas de «Miracle d’un serment», qui traite du problème des ex-détenus dans un docu-fiction. C’est le cas aussi de «Les portes du ciel» de Mourad El Khaoudi qui est un film d’auteur mais qui n’a pas encore vu le jour au niveau des salles.
Vous êtes également un homme d’affaires. Est-ce possible de nous révéler les raisons de votre option pour le cinéma ?
Si ce n’est pas nous les Marocains qui ferons le levier de ces secteurs d’art, de littérature, de cinéma, de culture, moi je ne m’attendrai pas à ce que quelqu’un d’étranger vienne le faire. Le pays est construit par ses citoyens. Le Maroc doit être fait par les Marocains. Donc je suis investisseur dans d’autres secteurs. J’investis aussi dans le cinéma, je ne m’attends pas à des retours parce qu’aujourd’hui au cinéma au Maroc, on ne gagne rien, on casque de sa poche. Je suis prêt à mettre la main dans ma poche et je le fais d’ailleurs pour produire.
Vous venez de mentionner au moins deux films en préparation. Quelles seraient ces œuvres ?
Outre «La marchandise» réalisé par Mohamed Nasrate, il s’agit de deux scénarios en cours de finalisation. Un est établi et écrit par Kamal Kamal et sera réalisé par Abdellilah Eljaouhary. Un autre, dont je ne veux pas dévoiler le nom du scénariste, sera réalisé par Abdellah Ferkous qui a son public. Nous avons eu un succès avec « Lferrouj » et nous nous attendons à en avoir sur une autre production du même genre humoristique et c’est pour le grand public.