L’or au bout du pied

Mardi en début d’après-midi à l’annexe du complexe  sportif Mohammed V de Casablanca. La chaleur de la journée prête plus à la sieste qu’à toute autre activité, mais l’ambiance dans le terrain d’entraînement est animée. Devant l’annexe, un véhicule vient de s’arrêter. Des jeunes, dont l’âge varie entre 15 et 18 ans, en sortent pour pénétrer dans le terrain. Ils ne sont autres que les derniers sélectionnés d’Al Qadam Addahabi. Avant l’entame des échauffements, une sorte de conseil disciplinaire est réuni, à même la pelouse. Une dispute survenue la veille entre deux candidats leur a valu les réprimandes doublées d’une sanction (moins 10 points pour chacun d’entre eux ).  Le maître de la cérémonie est le légendaire Mohamed Timoumi, encadrant.  A ses côtés, l’entraîneur Hamadi Hamidouch, également sollicité, observe les réactions de ses protégés avant de se retirer sur le banc de touche et superviser, de loin, le déroulement des entraînements. «L’éloignement par rapport aux parents, le stress des entraînements et des testes provoquent parfois des tensions entre les garçons. En tenant ce conseil devant tous les candidats, notre objectif est de donner l’exemple», nous confie Younès Belasry. Le très jeune et dynamique coordinateur général court dans tous les sens. Entre le suivi des candidats, l’organisation, la planification et la coordination des équipes de tournage audiovisuel, il n’a pas de temps pour lui. Et il est loin de s’en plaindre. «Nous avons gagné  en savoir-faire, ce qui rend notre travail plus facile que l’année dernière, où la découverte était au rendez-vous à chaque étape». Sa source de satisfaction, il l’a doit également à la réussite qu’ont connu plusieurs des candidats de l’année dernière.
Le Pied d’or de la précédente édition, Hamada, est par exemple au PSV Eindoven pour trois semaines de test. Deux autres joueurs, Mohamed Errahbane et Toufik Taâlabi sont en formation au Havre. Des 22 finalistes de l’année dernière, 70% ont été placés dans des clubs marocains. Voilà qui rassure quant au bien-fondé d’un concept né d’un mariage de deux savoir-faire, en événementiel et en audiovisuel, et d’une aventure qui n’en finit pas de gagner en succès. Un succès qui se lit dans le regard même de cette dizaine de candidats présents surplace, dans un parfait mélange de jeunes Marocains de toutes les souches et de toutes les  régions, aussi bien au Maroc qu’en Europe. Un jeune Marocain, issu d’une famille immigrée aux Pays-bas, figure parmi les finalistes. «Le sens du partage, l’esprit d’équipe, le respect des autres sont  aussi des valeurs qu’on essaye d’inculquer aux jeunes», déclare Mohamed Chahid, le directeur du centre de football d’Al Qadam Addahabi, là où les jeunes dorment, se restaurent et suivent les cours théoriques. Des cours qui font partie d’un programme chargé consistant en des entraînements physiques le matin et un travail tactique l’après midi. Un travail soldé chaque vendredi par des matchs tests suite auxquels les moins performants sont éliminés. Cette mission est confiée à un jury présidé par Hamadi Hamidouch, pour qui une évolution majeure a été enregistrée entre l’édition de l’année dernière et celle de cette année. À commencer par la qualité même des joueurs. Grâce à toute la communication qui a entouré l’édition précédente, plus de jeunes se sont intéressés à l’aventure.
Le nombre des candidatures est passé de 6000 pour l’année dernière à 17.300 cette année. Ainsi, le nombre des sélectionnés est allé d’un peu plus de 400 à près de 1200. « Sur un tel total, il était logique qu’il y ait plus de talents. Mais ce qui est important, c’est que des jeunes de tout le Maroc ont la chance de vivre une expérience passionnante, d’évoluer dans une ambiance de football professionnel, à Casablanca, d’être suivis par un large public, de pouvoir voyager à l’étranger, mais aussi et surtout d’entamer une vraie carrière dans le football. C’est de tout cela que je tire satisfaction», nous déclare Hamidouch. Pour lui, l’intérêt d’une telle expérience réside également dans l’effet d’émulation qu’elle suscite auprès des clubs, d’abord en leur donnant à voir les conditions et l’ambiance dans laquelle les entraînements se déroulent et, en suite, en mettant à leur disposition une moyenne annuelle de 40 bons jeunes joueurs qu’ils peuvent recruter. Des raisons qui font que l’intéressé s’est vu dans l’obligation de décliner l’offre de l’Ittihad Tanger, équipe qu’il a entraînée, et sauvée, la saison écoulée. «Je ne pouvais pas être sur deux fronts à la fois. Mais je suis à l’entière disposition du club après le 24 septembre, date où l’édition de cette année d’Al Qadam Addahabi prendra fin». Entre deux instructions, le héros de l’équipe nationale du Mondial de 1986, Timoumi, exprime son attachement à une expérience devenue une nécessité pour lui. «Je me sens investi d’une mission, celle de former de jeunes joueurs, non seulement sur le plan sportif, mais aussi éducationnel. Une mission qui consiste également à préparer les professionnels de demain», confie-t-il soulignant que  «la matière est là, mais encore faut-il lui donner la possibilité d’aller de l’avant.
Cette évolution ne peut se faire sans une véritable formation». «Ce qui est important, c’est de ne pas laisser se faner de tels potentiels. Pour ce faire, la création d’un centre de formation dans le cadre de cette émission est un impératif. Aussi, des relations durables sont à tisser entre ce programme et les clubs. Si chaque club recrute un joueur, je pense que notre mission sera accomplie », conclue celui qui préside aux destinées de l’Ittihad Touarga de Rabat. À voir le rythme avec lequel une simple idée a pu se développer et le degré d’implication de ceux qui veillent à son bon déroulement, une telle ambition ne devrait pas être qu’un vœu pieu.