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Iran : Abolition de la police des moeurs Hommage à Mahsa Amini

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C’est une première victoire pour le peuple iranien et surtout pour les femmes iraniennes qui payent un lourd tribut à l’oppression des obscurantistes et des ayatollahs avec leur vision du monde à la fois rétrograde et liberticide.

En effet, la police des mœurs, l’une des aberrations du régime iranien, a été abolie par les autorités le 4 décembre 2022. C’est le premier résultat concret depuis la mort au mois de septembre 2022 de Mahsa Amini, ce qui a déclenché une série de manifestations de plus en plus soutenues par un grand nombre de citoyens iraniens, à bout de souffle, et qui ne supportent plus la mainmise du pouvoir des ayatollahs qui écrase les libertés individuelles dans un État islamique pur et dur.
En effet, cette abolition vient mettre un terme à une loi absurde adossée à une police, connue sous le nom de Gasht-e Ershad que l’on peut traduire par : patrouilles d’orientation. Cette police a été créée sous le président Mahmoud Ahmadinejad qui avait alors avancé sa volonté de «répandre la culture de la décence et du hijab». Cette unité policière est formée d’hommes en uniforme vert et de femmes portant le tchador noir, qui couvre la tête et le haut du corps. Cette unité a commencé ses premières patrouilles en 2006. Depuis, elle sévit en opprimant les populations et en expédiant des milliers d’hommes et de femmes derrière les barreaux.
Il faut ici préciser que cette abolition survient à un moment où le régime est obligé de lâcher du lest face à la colère de la rue iranienne qui semble décidée à aller au bout de ses revendications. Cette abolition qui devrait théoriquement tourner une page noire de l’histoire iranienne récente, peut être considérée comme un geste envers les manifestants pour tenter l’apaisement avec les mouvements contestataires. Cette abolition est intervenue après la décision, samedi 3 décembre 2022, des autorités de réviser une loi de 1983 sur le port du voile obligatoire en Iran, imposé quatre ans après la révolution islamique de 1979.
C’est ce qui fait dire à plusieurs observateurs que c’est là le début de la fin pour un régime totalitaire qui a assez duré comme le précise le directeur du programme d’études iraniennes à l’Université de Stanford, Abbas Milani, qui est aujourd’hui considéré comme un des plus grands spécialistes de l’Iran contemporain. Pour cet historien, le soulèvement en cours est sans précédent. Pour lui, la République islamique est plus fragilisée qu’on ne le croit et «il ne reste pas beaucoup de temps à vivre au régime». Un régime obsolète qui fait aujourd’hui face à une véritable opposition de la part d’une société iranienne décidée à en finir avec la dictature islamique et surtout à payer le prix fort pour arracher sa liberté. Il faut savoir que selon un dernier bilan fourni par le général iranien Amirali Hajizadeh, du corps des gardiens de la Révolution, il y a eu plus de 300 morts lors des manifestations qui ont débuté le 16 septembre 2022. Un lourd tribut payé par un peuple iranien écrasé et réduit au silence. Le changement commence déjà avec cette volonté d’abolir aussi la loi sur le port du voile. Une loi en vigueur depuis 1983 qui oblige les femmes iraniennes et étrangères, quelle que soit leur religion, à porter un voile et un vêtement ample en public. Depuis la mort de Mahsa Amini et les manifestations qui ont suivi, un nombre grandissant de femmes se découvre la tête en Iran et défie ouvertement les autorités policières. Est-ce le début du changement en Iran ? Faut-il y voir un signe de la fin de ce régime qui dure depuis 1979 ? Les questions sont nombreuses, mais l’histoire nous a appris qu’avec l’Iran rien n’est jamais sûr !

Par Dr Imane Kendili, Psychiatre et auteure.

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