Préjugés : Le rôle de Walid Regragui a été moteur, incarnant à merveille ce métissage, cette symbiose, cette «addition» que représentent les Franco-Marocains..

L’épopée de notre équipe nationale a révélé bien des choses, bien des vérités cachées, bien des valeurs enfouies, bien des talents…
D’abord le fameux Nefs et Niya du coach qu’il nous faudrait maintenant ériger en règle générale à tous les niveaux de gestion de notre pays et en notre propre façon d’être en tant que citoyens.
Ensuite l’incroyable élan de patriotisme qui nous habite – même s’il lui faut bien sûr des occasions de s’exprimer – sont venues à la surface également la cohésion, la ferveur, la communion de tout un peuple, toutes générations confondues, toutes religions unies.
Que dire de cette extraordinaire proximité – évidemment connue de nous tous, mais tellement méconnue de l’étranger – entre le Roi et les Marocain(e)s, tellement visible lorsque SM Mohammed VI est sorti partager notre joie dans les rues mais aussi dans les attitudes lorsque le Souverain a reçu les jeunes joueurs et leurs mamans, on voyait bien alors que tout protocole avait «sauté» et que c’était alors l’affection et l’émotion qui avaient pris le pas.
Le sujet de ma chronique porte cependant aujourd’hui sur un sujet qui a fait couler beaucoup d’encre, ici certes, mais aussi et surtout en France où le débat sur les Franco-Marocains (et même les Marocains de France, plus largement) a pris une dimension totalement déraisonnable et disproportionnée. C’était à qui en rajouterait entre certains «intellectuels», certains spécialistes de l’immigration (lol) et journalistes – ceux de CNews en particulier – qui ont fait particulièrement fort.
Les Franco-Marocains étaient sommés de choisir la France et de le clamer, les Marocains de France étaient quasiment assimilés à une cinquième colonne et les jeunes ayant manifesté leur joie dans les rues après la qualification de l’équipe nationale en demi- finale, tous renvoyés à des racailles, des casseurs, des barbares…
Poitiers était rappelé en boucle comme devant se reproduire pour arrêter l’avancée des Arabes !
Bref du délire pur et simple, rejoignant les diatribes de Zemmour… et hélas, dénoncé par bien peu de personnes.
Mais revenons à ce qui est en train d’évoluer chez nous : bien longtemps les Franco-Marocains ont été méconnus, mal connus, inconnus par nombre des nôtres, et bien souvent un certain mépris -ou en tout cas une certaine condescendance leur a été opposée.
Le comportement, le talent, les valeurs incarnés par les joueurs -nés ou ayant grandi à l’étranger- lors de ce Mondial, sont venus mettre à bas tous ces préjugés et jugements péremptoires.
Ils ont été exemplaires et surtout en osmose et en fraternité totale avec les joueurs nés au Maroc, et cela faisait du bien de les voir ainsi, de voir cette famille, cette communauté d’esprit éclater au grand jour !
Bien malin aurait été celui qui aurait voulu glisser ne serait-ce que l’épaisseur d’une feuille de cigarette entre eux…
Là encore le rôle de Walid Regragui a été moteur, incarnant à merveille ce métissage, cette symbiose, cette «addition» que représentent les Franco-Marocains.
De là où je suis -et d’où je viens (né et ayant grandi en France où depuis l’adolescence j’ai été impliqué dans le mouvement associatif que l’on appelait alors «mouvement Beur» et il y a plusieurs années de cela (r)entré au Maroc où je suis là encore engagé corps et âme dans le mouvement associatif de terrain) : je vois et vis l’évolution, les retards, les changements à impulser pour que la manière dont on perçoit et traite les Marocains du Monde évolue.
Le samedi 14 janvier je serai partie prenante de la rencontre qu’organise l’association Salam Lekoulam à Marrakech avec en invité Driss El Yazami -président du CCME- sur le thème du sport vecteur de vivre-ensemble, où sera évoqué le nouveau regard que l’on doit porter sur ces Marocains pour une nouvelle pratique.
En effet l’exemple et le changement de donne impulsé par l’équipe nationale doivent maintenant s’étendre à l’ensemble des Marocains du Monde, sur tous les plans !
L’angle aujourd’hui doit être celui du partenariat, des espaces mutuels, du passage du statut de bénéficiaires à celui d’acteurs, de co-gestionnaires.
À nouveau visage, doit répondre un nouveau regard, on ne peut continuer à percevoir et à agir avec eux avec les yeux du passé, on doit changer le rétroviseur par un réacteur et surtout on ne peut envisager le seul aspect économique dans les rapports pays d’origine/ Marocains d’ailleurs !
Les ressemblances jeunes générations de Marocains du Royaume et jeunes générations de Marocains de l’étranger sont bien plus importantes que les différences.
La culture, le sport, la musique, le Web… leur sont communs, des propositions émergent venant de la jeunesse elle-même, que je porte avec elle, telles le jumelage inter-associatif, le maillage de clubs sportifs, les activités culturelles transfrontières, les festivals communs… tout un catalogue pour lequel je vous donne rendez-vous le 14 janvier lors de la 3ème édition de 3ala Slama à Marrakech. En ce sens une initiative novatrice et ambitieuse baptisée «Maison de la Diaspora» est en construction, rendez-vous le 31 janvier pour son lancement.